Quels objectifs
? Depuis plusieurs décennies la domination masculine et
le patriarcat ont été remis en cause par les femmes et le mouvement féministe. A
travers des groupes militants, des études universitaires, des réseaux de solidarité,
des actions positives...des femmes féministes ont dénoncé l'inégalité économique,
sociale et politique qui leur est faite en Europe et ailleurs, les violences qu'elles
subissent et la réclusion dans la sphère domestique...
Minoritaires, depuis une vingtaine d'années, des hommes de plus en plus
nombreux, se sont joints à la lutte pour l'égalité entre femmes et hommes. A travers
des groupes d'hommes, des centres pour hommes violents, des revues, des réseaux, des
actions contre la guerre et la virilisation des esprits, ils ont affirmé leur volonté de
parvenir - en soutien et à leurs côtés - à une société non-sexiste.
Mais aujourd'hui les hommes proféministes sont encore isolés les uns
des autres dans de nombreux pays d'Europe, parcellisés dans des groupes multiples sans
lien entre eux. Cette situation empêche débats et échanges et luttes communes entre
hommes et avec les femmes.
C'est pourquoi nous proposons de réunir l'ensemble des hommes qui
soutiennent sous une forme ou une autre la lutte contre le patriarcat et la domination
masculine dans un réseau européen d'hommes proféministes.
Soutenus par la Communauté Européenne, nous voulons déconstruire le
genre masculin, affiner nos études critiques des modes de domination masculine,
comprendre comment les sociétés machistes et homophobes nous font hommes et dominateurs,
affirmer notre volonté de vivre en paix sans violence, sans guerre entre hommes, sans
oppression entre hommes et femmes.
Nous affirmons ainsi qu'hommes ET femmes sont volontaires pour vivre une
nouvelle société où le genre ne sera plus le discriminant central entre les individus
qui doivent être libres de choisir leurs modes de vie comme bon leur semble.
Nous poursuivons la réalisation d'une banque de ressources sur Internet
pour visibiliser les groupes existants, les revues, les études sur les hommes et le
masculin, les réseaux et les hommes déjà engagés dans des réflexions et actions
antisexistes. Cette banque de données est disponible sur CD-Rom et sera actualisée
par la suite. Nous souhaitons que le site web puisse favoriser :
- l'échange de réflexions et la circulation transversale des informations
et des contacts qui aident concrètement la transformation des rapports sociaux de sexe,
notamment sur les thèmes suivants: violences sur les femmes, les enfants, les hommes,
sexualités, santé physique et mentale des hommes, travail, nouvelles valeurs des
masculinités, prévention du VIH, paternité, contraceptions masculines...
- le soutien international aux actions positives pour l'égalité des
chances entre femmes et hommes.
- l'éclosion au niveau européen d'un débat entre hommes ainsi qu'entre
femmes et hommes progressistes. Ce débat doit accompagner l'émergence d'une nouvelle
manière de vivre les rapports hommes/femmes en suscitant l'émergence d'initiatives.
Peuvent s'associer au réseau l'ensemble des hommes et des femmes, les
groupes et réseaux, les revues qui se sentent partie prenante d'une société non
patriarcale, une société qui rejette violences et homophobie et toute discrimination
basée sur le genre.
Un bulletin bilingue fera régulièrement état de la progression du
réseau.
Cette recherche/action est co-financée de 1997 à
1999 par la Commission Européenne :
Direction Générale V - Emploi, Relations Industrielles et Affaires Sociales
Unité
pour l'Égalité des Chances
Vous avez dit proféministes
?
Définition
Pour les proféministes francophones, le terme est nouveau. Il a été
adopté lors du colloque féministe du GREMF qui a eu lieu en Septembre 1996 à Québec.
Auparavant les groupes et intellectuels qui intègrent aujourd'hui le
proféminisme se définissaient de manière variable : certains parlaient d'antisexisme,
d'autres de masculinisme, de luttes anti-patriarcales
Au vu de l'extension du nombre
d'hommes concernés, il nous a semblé utile d'utiliser un terme fédérateur qui marque
clairement :
- notre soutien aux luttes et reflexions féministes faites par les femmes
des mouvements de femmes, des groupes universitaires
- notre positionnement comme hommes conscients que la domination masculine
existe et qu'il faut la comprendre pour la faire regresser et disparaître. Nous voulons
arriver à vivre des relations où le «genre» (le sexe social, le fait d'être éduqué
comme homme ou comme femme) ne soit plus une variable hiérarchique et discriminante.
Nous n'avons pas adopté le terme d'«hommes féministes» car nous
pensons utile et important que ce terme soit réservé aux femmes qui luttent contre
l'oppression masculine. L'utilisation du même terme pour les hommes et les femmes risque
en effet de créer une confusion, voire les hommes savent tellement bien le faire
d'aboutir à ce que les hommes arrivent in fine à donner des conseils aux femmes
sur
le féminisme (nous en avons déjà des exemples).
Nous voulons respecter l'autonomie du mouvement des femmes, et nous
pensons que ce n'est pas en niant les différences actuelles que nous pourrions avancer.
Y a t'il plusieurs sortes de proféminisme ?
Bien sûr. Quoiqu'il soit possible de reconnaître des thèmes
transversaux aux différents débats qui se réclament du proféminisme (violences faites
aux femmes, pornographie, paternité, etc.), ceux-ci sont traités et analysés de
manière différente. A l'image du mouvement féministe, le proféminisme est pluriel. Et
notre volonté n'est pas d'arriver à une pensée unique qui serait, alors, totalitaire.
Le masculin s'est trop souvent habillé de manière triste et monochrome pour que nous ne
nous félicitions pas de s'ouvrir à la couleur et à la multiplicité des points de vue.
Dans les fait, seuls les débats entre groupes et courants d'idée
permettent d'avancer dans des définitions et des analyses communes. De plus, la situation
des rapports sociaux de sexe (qu'ils s'exercent dans les rapports hommes/femmes, ou dans
les rapports hommes/hommes) est différente de pays en pays, de culture en culture
Alliés des femmes et proféministes
Beaucoup d'hommes se déclarent «alliés des femmes» qui luttent pour
l'égalité, le « partage » des tâches domestiques
Parmi ceux-ci beaucoup le
font réellement, et à des degrés divers : au niveau interpersonnel dans la vie privée,
en favorisant l'adoption de lois égalitaires, en soutenant les mouvements qui accueillent
les femmes victimes de violences
Schématiquement, et sans que ce terme n'ait
de valeur péjorative, on peut qualifier ces hommes d'«alliés des femmes et du
féminisme».
Les hommes proféministes appartiennent aussi à ce groupe. Mais ils
veulent aller plus loin : déconstruire le masculin comme genre dominant, hégémonique et
prévalent.
La domination masculine est structurée sur une opacité des modes de
vie des dominants. Nous voulons «dévoiler» comment le sexisme et l'homophobie
s'expriment entre hommes, à l'abri du regard des femmes. Nous refusons la complicité des
hommes entre eux lorsque les femmes en sont les principales victimes. |