Revue STAR

Je ne suis pas un numéro 4

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STAR 

Je ne suis pas un numéro 4
Collection automne hivers fin de siècle
2Star4

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Je publie là quelques-unes des lettres que j’ai reçues depuis trois ans, celles qui m'ont touchées, les polémiques auxquelles j'ai ou je n'ai pas répondues (sglurp !).

Avril 95

I LOVE YOU

You say :

I Iove flowers

but you pluck them

 

You say :

I love trees

but you chop them

 

You say :

I love birds

but you cage them

You say :

I Iove animals

but you eat them

 

Now I'm scared

when

you say to me

I love you

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22 mai 95

Dans le précédent numéro de star (printemps/été 95), on lançait l'idée, avec des copines et des copains de plusieurs villes, d'organiser un camping anti-patriarcal. Un programme avait été publié, proposant des discussions mixtes et non-mixtes. Ce courrier de mai 95 y fait référence.

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Bonjour,

Inconditionnelle de "star" et emballée par l'idée d'un camping anti-patriarcat, homosexuelle, anti-conformiste sur tous les plans, je souhaite exprimer une réponse à l'article pronant la non-mixité dans le bulletin de présentation du camping.

Plutôt que féministe, je préfère me définir comme anti-sexiste ou non-sexiste. J'entends par là ne pas adapter mon attitude, comportement, pensées, etc, en fonction du sexe de la personne à laquelle j'ai à faire. Varier si peu que ce soit de langage, mimiques, etc, en fonction du sexe d'une personne est déjà pour moi du sexisme (la galanterie, par exemple, entre dans cette définition). J'ai souvent milité dans des associations homosexuelles ou/et anti-sexistes. Le travail y avance dans la discussion et la volonté de tout le monde. Ensemble. Je ne peux concevoir de me retrancher dans un atelier spécifique ne concernant que les gens de mon âge, de mon apparence physique, de ma race, de mon sexe, de ma préférence sexuelle, sportive ou littéraire. Je tiens à ce que mes idées soient entendues de tout le monde. J'ai à coeur d'être au courant de celles des autres. Quelles que soient leurs spécificités.

Je suis parfaitement au courant de l'oppression de la femme par l'homme et ne cherche nullement à la nier. Je me refuse par contre à considérer des participants à un camping anti-patriacat comme des oppresseurs machistes. Sinon, c'est que quelqu'un fait fausse route. Si comme je le pense tous les participants à un camping anti-patriarcat veulent inventer de nouveaux rapports sociaux et combattre l'idée de patriarcat, ils ont à mon idée tout intérêt à le faire ensemble plutôt qu'à se disséminer en sous-genres plus ou moins bidons. Sinon, cela revient à aller râler dans son coin ce qui n'a jamais été très éfficace.

Bonne chance quand même.

Alias

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Mai 95

Suite des courriers (voir star 3) échangés avec Atelier Création Concept de Béziers.

QUI CENSURE QUI ?

Les zomos de MAB n'aiment pas le porno, les mots que d'aucun juge grossiers, insultants... Vous pouvez constater que ce n'est pas mon cas. Le discours agressif ne me dérange pas sitôt qu'il est justifié.

À lire Star, on a l'impression que vous avez la haine des mecs hétéros, que vous flippez sur les types machos, pas éfféminés, genre grosse bite. C'est dommage, vous ne trouvez pas ? Vous oubliez de critiquer la position des nanas qui aiment être dominées par leur mec. Vous oubliez la position des mecs qui aiment être dominés par leur nana. Vous expulsez discrètement les zoophiles et tous ceux qui ont une sexualité hors norme. Vous ne dites rien du SM, par exemple...

Vous ne dites pas qu'aujourd'hui, être homo est quand même rentré dans les moeurs, à paname peut-être plus qu'ailleur. Mais qu'importe. S'agit-il de combattre ou d'être reconnu ??? Qui sommes-nous : classe dangereuse ou classe de tous les compromis?

Quel est donc le but des gens de Star ? Vous donnez l'impression qu'il faut être propre, hors sexe, que bander est infâmant, que d'avoir du désir (sexuel, donc) pour une femme est dégradant. Pourquoi serait-il si misérable pour un homme de bander pour une femme, et pourquoi une femme n'aurait-elle pas le droit d'avoir envie de copuler avec un mec ???

En un mot je vous trouve castrateur !

Il s'agit de découvrir la nature exacte du centre même du monde existant et d'en faire la publicité. Star s'en tient à son angoisse patriarcale. Le patriarcat n'est qu'un des aspects qui règle les relations entre humain, il n'en est pas l'étroit fondement (tiens, je parle encore de cul), il est un contrat social entre des personnes mais dont la théorie générale est religieuse. C'est dans le principe théorique des religions que se trouve la vérité de l'homme, c'est de la critique de ces principes que peut naître une humanité nouvelle. À vous lire.

ATELIER CREATION CONCEPT

B.P. 4204

34544 BEZIERS Cédex

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Réponse

Pour diverses raisons, je n'avais pas répondu à ce courrier, ni aux suivants, lorsque je les avais reçus...

Je voudrais juste donner mon avis sur deux des affirmations.

D'abord, que star ne critique pas les "nanas qui aiment être dominées" si tant soit peu elles existent, et qu'elles ne soient pas le fruit de l'imagination de certains hommes.

Enfin... admettons.

Je doute que des "nanas (...) aiment être dominées par leur mec" avec les conséquences que le concept de domination implique : pressions psychologiques, claques, coups de poing, humiliations verbales, mépris, viols. Que des femmes se nient, s’oublient, valorisent le masculin selon les critères propres au genre masculin (virilité, grande gueule, etc), ou que des femmes pensent exister essentiellement à travers le regard des mecs... oui, je sais !

Star ne critique pas les "nanas qui aiment être dominées", parce que les sexistes le font beaucoup mieux que nous. Parce que cette critique nie le système de menaces et d’oppressions permanentes. Parce que cette critique donne encore un peu plus de pouvoir aux dominants.

Cependant, il est clair que si des rapports de domination existent, se perpétuent, entre les uns, les unes et les autres, c'est aussi parce que la soumission, l'obéïssance à leurs codes est un moyen de non-exclusion par rapport au groupe dominant. Disons que dans le monde du travail, par exemple, le groupe dominant (non pas par le nombre, mais par le pouvoir) est le patronat, et que pour bien se faire voir du patron, de son sous-chef, etc, certains proles sont prêts à leur lécher les pompes, à être leurs chiens de garde. OK. Et disons que s'il n'y avait ni la crainte des représailles, ni la peur de se prendre en charge (d'affronter l'inconnu, voire l'insécurité que cela sous-entend), s'il n'y avait pas la résignation à la pseudo-tranquilité des pantoufles, on peut s'imaginer que ça fait déjà un bout de temps que les salariéEs auraient organisé le travail et son concept autrement, sans patron ni syndicat.

Ce sont, entre 10 000 autres, les conséquences de l'ignorance, du contrôle des informations, de cette sauce à laquelle nous sommes toutes et tous éduquéEs, esclave de chez les esclaves, victime et acteur-actrice de nos propres oppressions.

...Et quoi que l'image soit vraiment séduisante, je ne crois pas que nous soyons, actuellement, une classe si dangereuse que ça. Sinon tout le monde en parlerait !

La bourgeoisie ou assimilé, quant à elle, est une classe dangeureuse).

Il n'y a, alors, guère de raison pour que les fonctionnements oppression/soumission du monde du travail soient différents de ceux de la lutte des classes homme/femme de ce monde patriarcal. Et tu peux bien, apparemment, connaitre des "nanas qui aiment être dominées par leur mec", ça ne changera jamais le fait que la domination des hommes sur les femmes est dégueulasse, que la valorisation du masculin ("les types machos, pas efféminés, genre grosse bite") et la négation du féminin sont à vomir.

Star n'est pas là pour faire l'apologie de cette crétinerie ambiante, de codes sociaux arriérés et (j'espère) en cours de dépassement, de destruction. Et pour la frime, j'ajouterai que nous sommes toutes et tous imprégnées de ces codes et qu'en faisant star, je souhaite contribuer à ce dépassement... à la transformation du monde, comme on dit.

Enfin... Passons à autre chose...

Je ne crois pas qu'être "homo est quand même rentré dans les moeurs", même si nos placards se sont agrandis, même si il est un peu plus facile d'être lesbienne, pédé ou transgenre aujourd'hui qu'il y a 30 ans (et encore, ça dépend pour qui !) même si les merdias nous en parlent un peu plus aujourd'hui, et d'une façon différente (mais guère meilleure !), qu'il y à 25 ans. Ce n'est pas parce que le Nouvel Obs te chie dix pages tendance socio-biologiste sur le milieu homo branché (ou branché homo) parisien que les moeurs progressent positivement. L'homo se vend bien, c'est tout !... il rentre dans les moeurs marchandes.

Le fait qu'on nous parle de plus en plus d'homophobie nous révèle "quand même" au moins une chose : c'est qu'elle nous pollue encore la vie. Les menaces, les injures, les violences, les viols et les meurtres n'ont pas disparus même si tu n'en entends pas parler dans la presse officielle ou ailleurs.

L'intériorisation de l'homophobie comme haine des autres et dégoût de soi, l'homophobie comme forme de hiérarchisation des rapports entre les mecs sont encore d'actualité.

Je pense sincèrement que le jour où l'homosexualité politique (politisons nos craintes, nos souffrances, nos angoisses, nos inquiétudes, nos rêves, nos rages, nos espérances, nos désirs), que le transgenrisme (c'est quelque chose comme le dépassement des identités de genre sclérosées féminin/masculin) et que le féminisme (comme critique de ce monde) seront rentrés dans les moeurs, ils ne seront pas simplement rentrés dedans, mais ils les auront bien amochées, transformées ou détruites. On en est loin.

Aujourd'hui, pour une partie d'entre nous, être homosexuelLE ou transgenre, s'accepter telLe qu'on est, relève du manuel de survie. Être pédé, gouine, bi ou tout autre style, reste en contradiction avec le système hétérosexiste, phallocrate, lesbohomophobe, familletralala, qui nous autorise à respirer... du bout des bronches. Nos droits, nos "moeurs", se limitent aux gayttos sur lesquels des ordures capitalistes ont trouvé le moyen de se faire du blé. Mais pour celles et ceux qu'on ne voit pas, qui ne fréquentent pas les lieux marchands homos, il n'y a pas d'autres références, pas d'espaces...

On ne montre aujourd'hui des homos que la partie visible de l'iceberg. La partie lumineuse, strassée. Le reste est encore sous la glace, mais pas dans les rues, dans les lieux publics qui sont dans la majeure partie des cas réservés aux hétéros (essentiellement hommes, ce n'est pas inutile de le rappeler).

Et dans ce monde où rien n'est tout à fait noir ou tout à fait blanc, je ne cherche pas à démontrer que les homos seraient plus mieux que les hétéros. Stupide. Cependant, parmi les codes que l'on intègre dans le but de la normalisation sociale, l'hétérosexualité et les rapports sociaux qui les accompagnent, sont écrasants. Ils sont tous un peu en nous, peut-être plus en toi qu'en moi (ce qui ne devrait être ni valorisant ni humiliant) et font de nous ce que nous sommes au quotidien, lorsqu'on parle, qu'on s'adresse à une fille ou à un garçon, etc...

Et le fait qu'aujourd'hui des groupes homos puissent revendiquer le droit d'être reconnuEs par/dans un système qui désintègre, clône, les individuEs, fait évidemment mal au coeur.

Enfin, pour finir, je ne crois pas qu'il faille que seulEs les homos rentrent quand même dans les moeurs. Il faudrait que les hétéros qui ne s'en sont guère occupéEs s'y mettent aussi.

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Aout 95 

L'amour est enfant de Bohème qui n'a jamais connu de lois, alors, pourquoi l'emprisonner dans vos chiottes spirituelles homos-anti-fachos-anti-patriarcat-anti-sexiste-anti... ?

Comme si deux parties étaient opposées et dont l'un veut légitimement vaincre sur l'autre, comme si l'un était plus vrai que l'autre, comme si le monde est une dualité dont le vainqueur est un méchant et le vaincu un déshérité.

Quand sortirez-vous de cette dialectique plutôt toc ?

La dualité truc-anti-truc reste fermée dans une sphère qui n'ouvre pas à la création d'une troisième perspective, une perspective qui prend en compte la fin de l'humanité, la fin de l'aliénation, un point de vue qui veut débattre du sort de ce monde, non pas donc une revendication mais bien la fin de toutes les revendications. La fin des particularismes, la réalisation de l'universelle.

À vous lire, on pourrait croire qu'il existe une hiérarchie de la liberté. Les hétéros seraient plus libres que les homos, les Hommes plus que les Femmes, les salariers plus que les prostituers, les Blancs plus que les Noirs, les européens plus que les arabes...

Je ne vous parle pas des enfants, surtout pas des petites filles, on m'accuserait de pédophilie aggravée.

Et les chiens ? Qu'en pensez-vous ? Ah ! ces braves bêtes, il parait qu'il ne leur manque que la parole, rendez-vous compte...

On dit toute sorte de chose sur ce monde, même qu'il est de nature patriarcale ; on dit plus rarement qu'il est essentiellement marchand, et par conséquent spectaculaire.

Bien sûr, il est légitime que les pédés soient reconnus ou que l'usage de toutes cames ne soit plus un délit, légitime parce que l'interdiction de ces pratiques (pratiques qui, objectivement ne sont un inconvéniant pour personne, et un réel plaisir à qui s'y adonne) entraine non pas seulement une suppression de la liberté, mais surtout une véritable mise-à-mort, une sorte d'assassinat non-dit mais pourtant bien réelle et dont le tranchant de la guillotine s'appele sida.

Mais une telle revendication ne suffit pas à saisir le centre même du monde, sa nature qui n'est autre que tout simplement mauvaise.

Supposons un instant que l'ensemble des revendications soient satisfaites, qu'un chef d'Etat moins obtu qu'un autre déclare légal tous les plaisirs et illégal toutes les contraintes. Par exemple : légaliser l'Héroïne et interdire le Front National.

Un tel chef d'Etat ne ferait pas éventuellement que permettre aux marchandises de cette sorte de se répandre, surtout il ne ferait plus que celà. Par exemple l'Héroïne vendu dans un débit de boisson à tant le gramme. L'argent n'en serait donc pas supprimé pour autant, et ce monde serait sans doute plus supportable mais il ne supprimerait pas pour autant le salariat, base fondamentale de la production des marchandises (qu'elle s'appelle Héroïne ou godemichet), et donc le malheur des hommes n'en serait rendu que plus invisible, plus impalpable encore.

C'est pourquoi je pense que l'anti-tout-ce-que-vous-voulez n'est pas une critique fondamentale du monde mais une critique d'un de ses aspects visant plutôt à aménager la vie quotidienne qu'à la supprimer. Comme par exemple les verts allemands s'opposent à la Shell mais pas contre l'essence, ou aux essais nucléaires de l'armée française mais pas à la tchernobylisation des cancéreux dans les hopitaux.

Bref, il s'agit bien de dénoncer ce monde mais il est urgent de se débarrasser des signatures dont toute l'ambiguité est qu'elles font penser plutôt à des sectes qu'à des combattants, exactement comme si le christ fut un leader révolutionnaire et non le créateur d'une formidable idéologie dont la réalisation est l'église, avec tout son cortège de mensonges et de massacres. À vous lire.

PS : Il ne me semble pas que mon courrier ait valeur universelle et donc gaspiller une place dans votre revue participe plutôt d'une sorte de spectacle qu'à l'ouverture d'un réel débat.

Je joint ici un texte, réponse à votre propagande, qui se veut aussi une base de discussion et dont j'autorise, par conséquent sa publication. À vous lire donc.

A.C.C.

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Réponse

Sur "la fin des particularismes, la réalisation de l'universel" : tu parles des particularismes comme si on les avaient choisis, comme si on avait choisi de plein gré le fouet avec lequel on se fait frapper. Le particularisme de nos revendications naît de l'expression du mépris qu'on se tarte dans la tronche régulièrement. J'ai choisi de vivre ma sexualité homo, mais j'ai pas choisi la société homophobe dans laquelle je survis. Je veux débattre du sort de ce monde, je veux en finir avec les revendications, mais d'où je suis, d'où j'en suis, de ce que je suis : une tarlouze un peu écorchée, un shouya acharniste, etc... Où comme le disent, autrement, les copines féministes : "soyons féministes tant qu'il le faudra !".

D'autre part, les particularismes ne me gênent pas systématiquement, au contraire, certains éveillent ma curiosité.

J'ai peur de l'uniformisation/uniformité dans "l'universel". L'universel de quoi, à partir de quoi, à partir d'où, et avec qui ? Un universel où nous serions débarrasséEs de nos contraintes, des tares de nos cultures, de nos codes, de nos a priori, de nos réflexes sociaux de merde, de notre esclavage mental ? OK.

En fait, ce qui m'emmerde le plus c'est la hiérarchisation des particularismes : les particularismes du genre masculin dominent les particularismes du genre féminin, par exemple, avec ou sans l'acceptation passive ou active des personnes dominées ; les particularismes hétéros sont présentés comme normaux, valorisants, etc, au détriment des autres. Il me semble que de tenter de déstabiliser, détruire, cette hiérarchisation des particularismes est "une perspective qui prend en compte (...) la fin de l'aliénation".

Je crains "l'universel" parce que je pense que notre façon à chacun et chacune de voir, de ressentir ce monde se construit de nos vécus, nos souffrances, etc, de nos rencontres et discussions, que ce n’est jamais vraiment achevé et encore moins objectif. Je crains l'idée d'harmonie qui se cache derrière "l'universel" si je ne sais pas qui en parle.

Sinon, l'idée est aussi belle que celle de vouloir toucher les étoiles, de rendre l'inaccessible possible et l'impossible accessible. Mais l'idée est aussi troublante que celle de paradis pour les croyantEs religieuSEs ou d'anarchie pour les croyantEs révolutionnaires, ces idées qui nous font croire que finalement les beautés du monde seraient accessibles après. Comme s'il fallait encore attendre. L'universel sera t-il une sorte de rédemption après la non-vie ?

Aujourd'hui, je suis pédé à homophobie-land, mes copines sont femmes, lesbiennes, à mysoginie-land et, de fait, la sous-estimation, l'humiliation permanente, les menaces m'emmerdent, s'imprègnent en moi, jusque dans mes rêves et mes cauchemars, jusque dans ma façon de regarder ou de baisser les yeux, ça me bouffe un tas d'énergie que je pourrais sans doute utiliser à autre chose...

Voilà où j'en suis pour le moment...

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8 aout 95

La lettre suivante de l'Atelier Création Concept est également une réponse au courrier du star n°3.

À Monsieur Jean Aimard, de STAR.

Ma réponse (bien tardive) à votre maladroite réponse.

J'ai absolument rien à faire des "jeunes arabes, des femmes violées, des mômes abusés sexuellement, des prostituées insultées, ratonnés... des pédés insultés...", et de tous ceux qui, ayant toujours été niés, leurs particularités jamais reconnues, sauf pour la circonstance, revendiquent une petite place à l'ombre des poubelle de ce monde, comme si dans la gueusaille, il y a quelques clartés de richesses...

Je n'ai rien à faire avec tous ces gens qui aimeraient que ce monde leur fiche la paix. Je ne reconnais rien !

En particulier, je ne reconnais pas le pseudo sous-commandant Marcos, ni tous ces gueux qui veulent une réforme agraire. Il n'y a pas de rebels aux Chiapas, il n'y a que des mendiants. Certes, certains avec des armes à la main... Ils ne veulent pas la fin de ce monde, mais sa transformation toute parcellaire, sa réforme, ce qui est bien différent. Vous déduisez aisément ce que je pense de l'occupation du consulat du mexique...

À vrai dire, que des gueux cherchent une sorte de repos dans les coulisses n'est pas mon problème. Par leur complicité, je les soupçonne d'être pour quelque chose à mon propre esclavage ; je les soupçonne de me noyer dans la misère et de me haïr quand, quelque fois, je sors la tête de l'égoût. C'est un penchant naturel de tous ceux qui mendient contre tous ceux qui combattent.

Vous en arrivez à fabriquer une véritable novlangue, asexuée, plus démocratique, plus politiquement correcte. Il ne faut plus dire : "gueux" mais SDF, pas Putain mais prostitué, ça fait propre, genre salarier quoi. Et bien sûr, ne dites plus pédé mais homosexuel, gouine mais lesbienne. Disparue les tantouzes, les pédales, les pétasses, le persil et autre insolence à l'usage des voyous.

Le mot Pédé a ceci de très avantageux qu'il est à la fois une provocation et une insulte, et son emploi détermine la référence de celui qui l'utilise, sa position dans ce monde. Il est un croc-en-jambe à la belle conformité, comme une sorte d'insupportable scandale. Et en retour, il est une des plus violentes insultes. N'en faites pas une légalité, ce qui rendrait bien triste toute la révolte et la poésie que ce mot requier.

Je revendique, à la gueule des tenants de la famille et du religieux, de la flicaille et de l'humanitaire, les mots pédé et enculé. Je suis pour une totale liberté des moeurs. Je revendique, au nom de la liberté, la mienne, les mots gouines, salopes, putasses, biteux, etc... Et je ne demande à personne l'autorisation de leur emploi.

Par ailleurs, peut-on supposer un instant que la bête à vagin serait plus opprimée que la bête à bite ? Peut-on supposer une hierarchie dans la liberté ? Les blancs seraient plus libres que les négros, les hétéros plus que les pédales... Vieille chanson... on est libre ou on ne l'est pas, voilà tout !

Pour finir, je dirais ceci : les mendiants et les militants sont la justification de ceux qui veulent éterniser ce monde.

Tout va donc très bien, Madame la Marquise !

N.T.M.

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Réponse

Tu écris que nous en arrivons à fabriquer une véritable novlangue comme si ta façon de t'exprimer, comme si ta dialectic-toc n'était pas une forme de novlangue, une sorte de langue de bois, une forme d'expression avec ses propres codes politics, etc.

Ce que nous cherchons à fabriquer c'est d'ajouter le genre féminin à la novlangue du masculin. Ce que nous fabriquons c'est de féminiser le langage même si ça change peu les esprits, les façons de voir, de percevoir ou d'exprimer les choses. Ce que nous fabriquons c'est de tenter de rendre visible le féminin dans l'écriture. On ne fait qu'aménager, on dépoussière, on bouge même pas les meubles, c'est pas si horrible que ça...

Il n'y a même pas menace : notre novlangue qui féminise le vocabulaire n'exclut pas la novlangue dominante, puisque dans la plupart des mots féminisés le genre masculin est inclu.

"Hiérarchie dans la liberté"... Si je compare ma pseudo-liberté, de blanc, à pouvoir me déplacer à peu près où je veux, quand je veux et avec qui je veux jusque dans un pays d'Afrique de mon choix, à la quantité de difficultés qui s'opposent à la venue, ici, de la plupart des habitantEs d'Afrique... je me dis que ma pseudo-liberté de circuler est plus importante que celle des personnes africaines.

Si je compare ma facilité de sortir le soir dans la rue sans me faire brancher, aux difficultés que rencontrent mes copines... je me dis qu'il y a une hiérarchie non pas dans la liberté, mais dans la façon d'être dominéEs.

J'aurais le sentiment d'être plus libre si je marche le long d'une plage plutôt que si je tourne en rond dans une cage de prison ou dans une cité HLM.

Enfin, je me demande parfois si les concepts de liberté, d'amour, de bonheur, de vérité, et bien d'autres encore, n'ont pas été juste créés pour soumettre les individuEs. Et s'ils ne l'ont pas été volontairement, ils ont dans beaucoup de cas été utilisés dans ce but.

G. l'Amor.

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Septembre 95

Bonjour, bien reçu star et autre petit mot.

J'ai lu l'article "Nait-on hétéro ?". Par contre la connerie de Simon Le Vay et autres dans son genre est-elle génétique ?

Le fait.

Tiens, je m'étais pas aperçu que j'avais l'hypothalamus du cerveau comme un petit pois : idiotie.

À ce compte-là, puisque pour ces ânes "savants" c'est "génétique", alors les parents de tous les pédéEs sont-ils aussi pédés ?

On pourrait rigoler si la farce n'était pas tragique. Mais de tel propos sont dangereux par les temps qui courent, Ca frôle le fascisme car on dirait un cours d'eugénisme ; où pour certains le fait que les ouvriers, les paysans, les prolétaires, sont pas autre chose que leur classe, par rapport à l'autre classe qui domine, viendrait que ces derniers ont un cerveau... aussi un peu comme les "pédés". On dirait un discours de la "nouvelle" droite.

Au niveau "génétique" j'ai entendu, et lu, en mai 68 des choses assez similaires, du genre de S. Le Vay. Mais c'était le professeur Debré (fils de l'ancien ministre dit l'entonnoir et frère aussi de l'actuel ministre de l'intérieur d'aujourd'hui).

Ce professeur Debré disait presque la même chose au sujet des militantEs gauchistes de mai 68 : anars, gauchistes, situs, etc...

Ils disait que nous étions des taréEs depuis la naissance (il parlait génétique) et que notre cas relevait de la biologie, et qu'à l'avenir nous tomberions soit dans la drogue ou le terrorisme.

Il disait la même chose pour Lénine, Marx, Bakounine, Fourier, y compris Nietzche, et bien d'autres.

Alors maintenant, comment doit être l'intérieur de mon cerveau depuis 68, et vu que maintenant je suis pédé ? En plus, j'étais prolétaire !!

Je me demande ce que peut bien foutre qu'un homme ou une femme soient attiréEs par quelqu'unE du même sexe. La génétique ?

Personnellement, le fait de voir le corps d'un homme nu, c'est que d'abord ça me plait de le toucher, de me faire toucher, de sentir son corps, sa chaleur sur moi, de prendre mon pied quand je me fais foutre, sentir couler entre mes cuisses un niagara de sperme, m'abreuver en suçant son sexe, comme à une fontaine. C'est du plaisir. Du moins, pour moi c'est la vie, la nature. J'emmerde la génétique et Le Vay !

Si ce Le Vay a des problèmes, il n'a qu'à venir passer une nuit avec moi, avec un acide et la musique de Motorhead. Je lui ferai passer sa "génétique" en nirvana ORGASMATRON !!

Bon, je te parlais tu prof Debré... car je me sentais concerné à cette époque, car je militais dans des groupes révolutionnaires.

Pour me "présenter", j'ai fait mes premières "armes" chez les maos de la Gauche Prolétarienne. J'étais un très jeune prolétaire (je le suis encore, et revendique encore la lutte des classes, et je suis issu de famille pauvre, prolo, elle aussi). J'ai bossé assez longtemps, quand même, dans le batiment. Très dur ! Et j'ai participé à des grèves très dures.

Ensuite, dans les années 70, j'ai rejoins le mouvement autonome des groupes style "camarade" autonomie ouvrière en Italie.

Puis à la fin des année 70 j'en avais ASSEZ DE TRAVAILLER !!

Alors, j'ai pris mon sac à dos, et presque sans un rond, j'ai voyagé en stop. La bohême quoi. J'ai surtout voyagé dans les pays arabes, et un petit séjour très agréable en Lybie où je me sentais plus en sécurité qu'en France. Puis, après, retour zone... et le reste. Et aujourd'hui, técrivant. Et voilà, vive l'aventure, et va où le vent te mène.

(...)

Prolétaires de tous les pays,

carressez-vous !

Le papillon.

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Septembre 95 

"Ce que le public te reproche, cultive le, c'est toi". Jean Cocteau.

Cher "STAR";

Je viens de lire ton numéro un et une grande partie du numéro trois, pour les autres il faudra que je me les procure rapidement ! on, bien sûr, bravo pour ce fanzine, mais je n'écris pas vraiment pour ça !!! Tout cela va être très éparpillé, embrouillé ; désolé !!! Alors, j'y vais, pour le meilleur et le pire ! Tout d'abord je tenais à dire que la lecture de star m'a beaucoup apporté, égoïstement, sur ma vision du monde homosexuel, et plus largement, queers ! Il y a des réflexes homophobes qui dorment en nous et que l'on fait bien de repérer, ce n'est pas une honte, il suffit de le savoir ! Mais à ce sujet il reste un grand paradoxe dans mon esprit, il s'agit du domaine des insultes dont il est question dans un article du numéro un... Je suis tout à fait d'accord avec vous, il est "homophobe" de traiter quelqu'un de "pd", d'enculé... et pas du tout en même temps. Je m'explique. Je crois que le problème des insultes concernent de nombreuses catégories de personnes : "sale pute", "sale juif", "c'est du travail d'arabe", "enculé"... La liste est malheureusement très longue. Je pourrais jouer les personnes intègres et vous dire que tous ces mots ne me viennent jamais à la bouche ! Mais j'avoue que c'est faux ! Je pense éviter les pires horreurs mais dans l'excitation ou la rage certains ressurgissent. Attention, je ne suis pas entrain de faire l'apologie de ces insultes, non. Pour moi le problème est bien plus large que ce que vous en disiez dans star, je crois que toute insulte est forcément raciste puisqu'elle s'appuie sur une situation de rejet de l'autre ! L'idéal serait alors de banir les insultes...

Encore une fois "oui" et "non"" ! Sans insulte il manquerait quelquechose à notre discours... Purifions donc nos expressions sans pour autant jeter la pierre à des gens comme les Béruriers Noirs... J'espère avoir été clair un minimum, j'essaie de fixer mes idées mais j'avoue que c'est difficile !

Bref, bref ! L'article qui m'a le plus intrigué reste celui des "sans-cou" dans le numéro un ! D'ailleurs je trouve que dans le numéro trois leur position, leurs idées sont devenues plus claires et moins tranchantes. En effet, dire que les enfants sont malheureux dans un monde d'adulte je trouve ça un peu "just" ! C'est du manichéïsme et ça revient un peu trop à faire d'un coté les vilains adultes et de l'autre les gentils enfants... Le mythe de la pureté de l'enfance est à bannir, des cons il y en a partout même chez les gamins ! Par contre il est vrai que les adultes ont trop tendance à envisager les enfants comme des élèves au sens large du terme, mais apprendre c'est quand même hyper bien ! Le reste est de savoir pourquoi et comment !? Pour moi le problème se situe à ce niveau là. Voilà, voilà !

Merci pour tous les autres articles ! C'est marrant mais j'ai l'impression que les articles homosexuel masculins traitent plus facilement d'un rapport à la sexualité que les articles féminins qui plongent souvent dans le militantisme, ce n'est pas une critique mais une remarque, un point c'est tout !

J'aurais encore des tonnes de trucs à dire mais peut-être est-ce déjà assez... À bientôt peut-être.

Mathias.

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Havana, July 20, 1995.

It was really nice and interesting to get the issue of star. As straight, I believe that queer fight is also a big contribution to our own liberation from sexism and repressed bodies/souls (after Stonewall, our asses come back to us). Your fight is an unvaluable effort for the complete and progressive liberation of humankind. Let's keep on this !

I will appreciate if you continue sending me issues of star, I'm organizing an archive of alternative/underground press, and will have several numbers of your queerzine.

La subversion au quotidien c'est très important !

With admiration and faith.

Abelardo Mena

Banco de ideas Z

c/ 19 # 1362 apt. 15

c/ 24 y 26 / Velado,

Hab. 4 - 10400 / Cuba

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Juin 96

(...) J'avais envie de te faire part d'une idée qui m'ai venue après une nuit blanche en compagnie d'I., de C. et C.

Dans la nuit nous avons longuement parlé de cette sexualité oubliée qui est la masturbation (d'ailleurs seules les filles en ont parlé comme sexualité propre, les garçons en ont peu parlé et plus comme paliatif à une misère affective). Le lendemain, vaporeuse comme on peut l'être après une blanche nuit, j'en ai parlé avec T., qui m'a dit "tiens c'est vrai, c'est un sujet très rarement abordé, et on n'y a pas pensé pour le camping" (1). Peut-être donc cela pourrait être matière à fusions neurologiques lors de ce rassemblement. Mais vas-tu me retorquer : "quel rapport avec le patriacat ?" (non, peut-être que tu ne l'aurais pas pensé mais c'est S. qui m'a posé la question !).

Je pense que comme toutes les formes d'oppressions, celle du plaisir solitaire fait partie des plus taboues. Et lors de cette nuit, puis après, lors de discussions avec des amiEs je me suis rendue compte (mais je ne veux en aucun cas en faire une généralité) que beaucoup de garçon considèrent la masturbation comme un moyen "hygiénique" à palier à une solitude. Tous m'ont dit que lorsqu'ils ont une relation amoureuse il pratiquent très peu le plaisir solitaire. Les filles au contraire, pour beaucoup, considèrent la masturbation comme un moyen de calmer des tensions, et comme une forme de sexualité à part entière où le plaisir est recherché pour lui seul.

Je ne sais pas ce que tu en dis toi, mais moi ça m'a questionné...

J'ai aussi vu la différence qu'il pouvait y avoir dans "l'abordement" du sujet, dans la façon de vivre ceci, entre des personnes qui enfant ont été traqués (d'une façon ou d'une autre), des enfants qui n'en ont jamais entendu parlé à la maison (comme plein d'autres sujets), et des enfants que l'on n'a pas brimé, avec qui on a discuté (j'en fait partie).

Le culturel ambiant aurait-il insidieusement mis dans la tête des garçons que pour être un homme il fallait prendre son pied dans un con ?... En tout état de cause, je pense que l'on est quelques personnes (je pose un sujet neutre, mais pour mon expérience je n'ai entendue parler ainsi que des femmes) à vivre une réelle sexualité solitaire, avec plaisir, avec soi !

Ceci emmenant cela, peut-être aussi que si ce sujet est rarement abordé, est-ce parce que l'on dévoile une part de soi-même qui peut être cachée derrière notre "façade", si facilement ! Hé...

Cela va du regard des autres, aux phantasmes que l'on s'invente lors des ébats des mains sur le même corps, qui parfois sont pas très facile à dire.

Mais encore une fois n'est-ce pas en en parlant les unes aux autres, les uns aux uns, les uns aux unes, les unes aux uns, les unes aux unes que doucement on peu arriver à vivre sereinement, sainement (sans jugement moral) cette partie de nous-même. Évincer ce poids éducatif, culturel, et là encore les hommes aussi sont "victimes" du patriarcat ambiant !

Tout ce que j'espère c'est que toutes ces réflexions que j'ai envie de partager, tu les comprendras telles que je les pense, car il est difficile de mettre par écrit autant d'idée !!!

En tout cas si tu as le temps, ma boite à mots t'est ouverte...(...)

Sandrine.

(1) camping antipatriarcal d'août 95.

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10 Septembre 96

Si jamais tu doutes de l'impact de ton travail, si tu désespères quelques fois pendant la réalisation d'un hypothétique n° de star, je te raconte ce que je dois en grande partie à ton journal :

- ma demande d'adhésion à la F.A.

- mon adhésion à la fédération antispéciste

- un séjour au camping antispéciste 96

- ma rechute dans la nicotine lors de ma première soirée dans un bar gay

- apprendre que mon meilleur pote est gay !

- désirer des mecs (glup).

Voilà, j'avais l'habitude pour faire le malin de signer Serge hétéro ni pur ni dur, maintenant ça serait plus Serge sans étiquette sexuelle.

PS : Aurais-tu connaissance d'une récente création d'un mouvement bisexuel en France ?

STP, me paume pas dans tes fichiers !

Il y a un groupe bi au centre gay et lesbien parisien :

Bi'cause

C.G.L.

3 rue Keller

75011 Paris

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6 Janvier 97

Ma chère Étoile, comment vas-tu ?

Je t'ai découvert il y a de cela quelque temps déjà, sous ton deuxième avatar ; à l'époque ce que tu me racontais commençait à peine à m'intéresser... On ne renverse pas des années d'éducation, d'autocensure et de refus de s'assumer en un clin d'oeil, fut-il de biche... À vrai dire pendant très longtemps, plutôt que d'affirmer ma vraie personnalité, je préférais l'enterrer vive et m'afficher avec des valeurs inverses, plus conformes à ce que l'on attendait de moi... J'ai pu me procurer récemment ta troisième apparition, qui date un peu, je le sais, et qui m'a beaucoup plue...

Des textes comme celui de BIP "j'ai une petite bite..." rassurent un peu ; il y a tellement de complexes face à son propre corps, tellement de problèmes que l'on ne peut surmonter par pudeur, et l'on a si peu l'occasion de se révéler sensible sans se faire dévaloriser...

Dans le troisième, et hélas dernier numéro de star figurait un "appel à contribution" sur le sujet de la masturbation pour... novembre 96 (constatant cette vitesse de réaction fulgurante, tu ne pourras que t'étonner de voir ma liste de distribution -zines, K7...- s'appeler arboat, la tortue !). Cette annonce est-elle toujours valable ? C'est un sujet sur lequel on passe tellement vite, même dans les débats "ouverts" et avec de tels préjugés... "La branlette c'est sale !" point. "Passons à autre chose"... Quelle vision tellement machiste que la masturbation se limite à se taper une queue !!! Enfin, voilà quoi...

As-tu des nouvelles de la brochure de "Au-delà du personnel" ? (...)

Minouche.

La brochure "Au-delà du personnel" est sortie au printemps 98, voir dans les pages "bouquins" de star... OK ?

J'ai reçu les textes qui suivent il y a un an ou deux...

Le premier texte est paru dans "Drapeau Noir" de janv./fév./mars 96, groupe Proudhon, Besançon.

La lettre qui suit est une réponse de Nicole à cette article.

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LA PARITÉ : Où VONT LES FEMMES ?

Dans l'article sur "Féminisme et Anarchisme" paru dans le précédent numéro de Drapeau Noir, on avait un peu parlé du mouvement pour la parité entre femmes et hommes dans les institutions étatiques.

Aujourd'hui, une pétition de SOS sexisme nous oblige à y revenir. SOS sexisme s'insurge contre "la manière indigne et insultante dont ont été traitées les femmes du gouvernement Juppé", rappelle le mépris que le gouvernement socialiste a eu envers Edith Cresson et, également, que Chirac avait fait sienne, pendant sa campagne électorale, l'idée d'une plus grande place aux femmes dans la vie politique.

Pour tout cela, SOS sexisme invite les femmes de toutes tendances politiques à protester contre l'exclusion de 8 femmes du gouvernement Juppé.

Les animatrices de SOS sexisme pensent certainement que ce serait pour nous une consolation si le remboursement de l'IVG était aboli par une loi signée au féminin, que le chômage croissant des femmes serait beaucoup plus acceptable si c'était une femme qui nous renvoyait à nos fourneaux et que si dans notre travail le patron était une femme, nos grèves et notre envie de la jeter dehors n'auraient aucune raison d'être.

Dans cette logique, on oublie que les femmes ne sont pas toutes militantes pour leur émancipation et qu'elles peuvent être ennemies acharnées de toute revendication féministe.

Avant tout le travail qu'il nous reste à faire et toutes les luttes à mener pour que notre vie de femmes change vraiment, pour que notre égalité et notre dignité deviennent une réalité quotidienne, se perdre en revendications qui ne changeront rien à notre oppression nous semble un repli dangereux.

C'est sûr que nous pouvons arriver à être représentées de façon égalitaire et un pouvoir intelligent aurait déjà fait en sorte que ce soit une réalité, mais comme aujourd'hui pour les hommes, représentés de manière largement majoritaire, demain pour les femmes, représentées de manière égalitaire, les problèmes de fond resteront inchangés. Le fait d'être représenté dans les organismes étatiques n'a jamais signifié la conquête de la justice, de l'égalité et d'une vie plus digne.

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La réponse de Nicole :

Pour refuser un droit il faut d'abord l'avoir obtenu, qu'il soit appliqué et pouvoir en jouir.

Nous refusons le droit de vote mais nous l'avons. Nous refusons de travailer 8 heures par jour, mais nous l'avons. Nous préférons ne pas avaler, mais nous pouvons le faire si nous en avons besoin. Nous sommes des homos qui ne se marieront pas mais nous voulons le C.U.S. (Contrat d'Union Sociale).

Nous sommes des femmes et nous voulons avoir le droit de gérer l'organisation des sociétés humaines même si nous remettons en cause celle qui existe actuellement. L'histoire nous montre que les femmes qui participent activement aux révolutions (1789, 1848, 1870) et aux résistances (1914-18, 1939-45) sont toujours renvoyées à leurs rôles traditionnels et exclues des instances décideuses, rejetées par l'histoire écrite ; leur existence même est niée alors que des noms d'hommes restent dans les mémoires, qu'ils soient vainqueurs ou vaincus, qu'ils aient exercés ou non le pouvoir à quelque degré que ce soit.

Les femmes et quelques hommes se sont battus pour que tout le monde puisse bénéficier des mêmes droits.

Dans l'article sur la parité, le "Drapeau Noir" (janvier-mars) se moque des femmes de SOS sexisme qui demandent une plus grande place pour les femmes dans la vie politique. Lorsque cette possibilité existera, les femmes et les hommes verront bien ce que cela donnera. Mais quelque soit le résultat de cette exercice du pouvoir, si un jour, les gouvernements étaient composés de 95% de femmes et de 5% d'hommes, à l'inverse de ce qui se fait maintenant, les anars ne tireraient pas de conclusion hâtive, ils ne diraient pas que les femmes doivent quitter les gouvernements. Les anars continueraient à ne pas voter et à dire ce qu'elles-ils pensent.

Ne croyez-vous pas que l'ensemble des femmes gagneraient en dignité ?

Comment savez-vous qu'un gouvernement composé très majoritairement de femmes ne changerait rien à l'oppression des femmes par les hommes ?

Qui sait si les problèmes de fond ne seraient pas réduits en grande partie ?

N'y aurait-il pas des changements importants en ce qui concerne les viols et les violences faites à tous les humains ?

Des femmes en nombre au minimum égal à celui des hommes dans tous les gouvernements, oui, cela va dans le sens de la justice, de l'égalité, de la dignité humaine.

Le "Drapeau Noir" a peut-être peur que des femmes dirigent les pays. Pourquoi ? Parce que vous êtes des hommes et que cela vous "chiffonne" ?

Parce que vous êtes des femmes et que vous voulez garder les mains propres alors que les hommes sont partis avec le savon ? Puristes ?

Nul ne sait ce que donnerait le pouvoir par des femmes. Peuvent-elles faire pire que les hommes ? Difficilement.

En ayant le droit de manier le pouvoir, les femmes seraient reconnues comme les égales des hommes, même si elles faisaient le même genre de "choses" que les hommes.

La femme qui écrit le texte sur la parité donne un bon exemple de ce que peut dire une femme qui se trompe d'ennemi en prêtant aux femmes d'SOS sexisme des idées qu'elles n'ont pas. Beaucoup d'anars se considèrent au-dessus des luttes anti-sexistes. En effet, elles les dérangent. Voyons s'ils-elles laisseront une place dans leur revue à ce texte qui n'est pas dans la droite ligne.

Nicole, Poitiers.

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La mysoginie & l'homophobie sont les pires des maladies

Le rap, ragga, hip-hop music n'ont évidemment ni le monopole de la misogynie, ni celui de l'homophobie. Si tu traines dans les bars rockeux, punky ou pmu, ou si tu mets ton nez dans les revues de zikmu ciblées, tu flaireras que, dans l'ensemble, ça plane dans le domaine de l'épais mâle.

En trainant dans la bibliothèque de mon quartier, en feuilletant "l'Affiche", mensuel hip-hop, rap, ragga, etc, rubrique "Courrier des lecteurs", je suis tombé sur deux lettres de lecteurEs. L'une traite du mépris des femmes, l'autre de celui des homos. J'en reproduis une partie, histoire d'en causer...

ON N'EST PAS DES BITCHES !

J'irai droit au but. Je ne suis membre d'aucun club féministe ou autre mais le mépris constant d'une majorité de rappers à l'égard des femmes me révolte. Provocation, dédain ou pire vraie haine ? En tout cas manque de respect, c'est certain. Bien qu'il soit moins aisé pour les rappers français de parsemer leurs textes de "salopes" ou autres synonymes exécrables, leurs consorts US ne s'en privent pas. Et si la vue de quelques photos (deux en particulier, était-ce réellement indispensable ?) de votre article "Rodéo Rap à Miami Bitch" (piètre image d'un certain rap américain) a pu en exciter plus d'un, elle m'a littéralement donné envie de vomir. De ce coté, carton rouge pour MM Cachin et De Nauw qui cautionnent ce genre de dérapage par les mots et les photos. Le rap en devient moins crédible et cette misogynie, non contente de sacrifier bon nombre de rappeuses, les transforme en "patée humaine". Dommage et inquiétant que ces extrêmes remportent tant de suffrages. Espérons cependant qu'il demeure sur cette planète des voix, et des voies, pour insuffler au rap humanité, respect et authenticité.

Véronique Degras.

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Histoire d'en causer un peu plus, et de s'énerver d'avantage, voici la réponse de la revue.

"Les garçons sont incorrigibles, mais pas méchants : ce reportage à Miami est plus du cirque à l'américaine que du sexisme primaire. Les filles en photo ne sont ni des rappeuses ni des innocentes groupies mais des pros du striptease ou des "freaks", comme on dit là-bas. Les USA c'est comme ça, il ne faut pas prendre ce genre de spectacle au premier degré. Pas de viol ou de filles brutalisées : that's entertainment. Et puis Véronique, tu sais qu'il n'y a pas beaucoup de pages à tourner après ce "rodéo" pour retrouver des rappers "humains et authentiques".

Outre le fait qu'on s'aperçoit que finalement Véronique n'est qu'une sotte (ça doit être son côté femme qui dit ce qu'elle pense et ce qu'elle ressent qui les emmerde !), on apprend également que si on perçoit un brin de misogynie dans le reportage cité (que je n'ai pas lu, mais peu importe !) c'est à cause des filles photographiées qui n'y sont pas "d'innocentes groupies". C'est le coté "innocentes" qui me tilte... et, évidemment, la totale absence d'une quelconque responsabilité masculine. Mais bon, ce n'est pas un phénomène récent...

À "l'Affiche", aujourd'hui encore, ce sont donc bien les femmes qui sont jugées responsables de la misogynie ambiante.

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La lettre suivante parle d'homophobie, au sujet de l'album de Madison & Chrysto que le lecteur vient d'acheter.

Première écoute...

HOMO HIP HOP

(...) Arrive le morceau "Comme un homme" : "Est-ce qu'au paradis les batti-boys (c'est quoi au fait ? Je le sens mal ce terme là !) / Sont-ils au premier rang / Comme ici autorise-t-on l'inceste ou la pédophilie / Est-ce que les hommes sont touchés par la bêtise ou l'hypocrisie ? / Je les ai vus un soir main dans la main s'enlacer comme des chiens / De mes idées j'en suis fier / Si tu traines dans les bordels de la rue Blondel, habillé en dentelle / Mais que nous réserve l'avenir avec ces choses contre-nature / Les soldats du futur se battent contre la pourriture / Car nous sommes des militants du parti des enfants / Pour que leur avenir soit meilleur que mes pressentiments".

J'ai un peu plus de vingt ans, j'écoute massivement du rap depuis cinq ans car en plus de sa musique délicieuse, il exprime généralement des choses positives, lutte contre l'indifférence et l'intolérance avec une énergie communicative et permet enfin à des jeunes de s'exprimer. Je suis aussi homosexuel et ça je le sais depuis que j'ai douze ans. Le rap dénonce les travers : politique, milices et compagnie sont logiquement dans la ligne de mire ainsi que le racisme. Mais que dois-je penser de keums, qui plus est des rappers censés réfléchir un peu, qui parlent de... comment disent-ils déjà... ah oui, "discrimination" et qui, dans le même temps, s'attaquent avec ignorance à ce qui est en fait une minorité ? Il est clair que dans ce morceau les "sales pédés" -comme on dirait les "sales ratons" ou les "sales nègres"- sont directement visés.

Bite dans le cul + soutien-gorge sur la tête = homo, c'est ça vos équations ? Mais ouvrez les yeux, le milieu homo est largement aussi diversifié que le votre et vos conneries, je les prends en pleine gueule. Ces mecs nous parlent de l'esclavage passé et présent, du racisme dont sont victimes nos frères noirs. 200% normal et légitime. Mais parallèlement ils sont totalement incapables de tolérer, encore moins de comprendre et respecter, non pas une différence de couleur, d'origine ou de religion, mais plus simplement une différence d'amour... Le racisme est vaste, il ne se limite pas à cet ahurissant antagonisme chronique noir/blanc, il ne faut pas l'oublier. Et puis mettre homos et pédophiles dans le même sac, n'est-ce pas un peu gros ? Réfléchissez un peu parce que parmi ceux qui vous écoutent, même les plus jeunes et ceux qui en ont le moins l'apparence, il y a forcément des homos qui ont déjà subi trop de mépris, de moqueries et de dérision. Pour finir je ne dirai pas "Nick La Police" comme l'un des honorables groupes de rap existant mais, pour la circonstance, nick Madison, Chrysto et tous les fachos. Un lecteur occasionnel qui, méfiance toujours et discrétion oblige, à regret restera anonyme.

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30 mai 95 - HOMOPHOBIE, NON MERCI

Avec Eric, on vient de "rajeunir" ou plutôt "d'améliorer" le tract qu'il avait fait en 93, et qui était dans RAS L'BOL n°1. Dis-moi ce que tu en penses ????

Suite à un concert et à un ras-le-bol d'entendre toujours les mêmes conneries, j'ai décidé de réagir à ma façon, avec cet article, peut-être mal dit, mal écrit, de façon désordonnée, j'en conviens, mais j'ai besoin d'en parler, y'en a marre de voir/entendre certains anti-fascistes imposer une forme de fascisme dans la sexualité (un homme doit être avec une femme, et vice-et-versa, mais jamais deux personnes de même sexe ne doivent être ensemble).

Ils se disent rebelles, et acceptent en même temps tous les préjugés imposés par les médias, le système, cette foutue éducation, et surtout, ils ne remettent rien en cause.

A travers l'éducation scolaire, l'homosexualité n'est pas abordée, donnant l'impression aux individuEs étant attiréEs par des gens de même sexe d'être anormaux, ils/elles sont alors obligéEs de cacher leurs véritables identités de peur d'être rejetéEs. Au travers des médias (pubs, films), on nous impose un modèle de bonheur (homme-femme-enfant/s-maison individuelle...), cette norme qu'est l'hétéroxexualité. Mais merde, on peut être homosexuelLE et vivre tout à fait heureuSE.

L'église (de même pour les autres religions) continue toujours à rejeter/condamner l'homosexualité (surtout masculine) en la considérant comme l'un des plus grands péchés, parce qu'improductive et immorale. Selon ces religions, tout rapport sexuel doit déboucher sur la procréation. Mais de quoi se mêlent ces foutues religions ? Parler des choses qu'elles ne comprennent même pas et ne comprendront jamais.

A travers l'histoire, les homosexuelLEs ont été les premières cibles des violences et des emprisonnements. Des centaines de milliers -peut-être plus d'un million- d'homosexuelLEs moururent dans les camps de concentration. Lorsque les alliés débarquèrent et libérèrent les camps, ces hommes, ces femmes ne furent pas libéréEs, parce que l'homosexualité était toujours vue comme un crime (on connaissait pourtant le rôle joué par les homosexuelLEs dans la résistance, aussi bien en Allemagne que dans les pays occupés). Encore aujourd'hui, aucun dépôt de gerbe ou de manifestation d'hommage ne sont autorisés aux associations d'homosexuelLEs ou faites par l'état. Durant la chasse aux sorcières, le sénateur Mc Carthy chassait les homosexuelLEs aussi furieusement que les communistes.

Non, vous ne comprendrez jamais que l'homosexualité est tout à fait naturelle, et est dans un sens une sexualité subversive, refusant les normes de ce foutu système Travail, Famille (hommes/femmes/enfants) Patrie. Il y en a marre d'entendre des plaisanteries douteuses concernant les homosexuelLEs, et ces foutus préjugés qui, montrant les homosexuels comme des hommes faibles, cautionnent par là-même le sexisme, ces foutues expressions de merde, et c'est assez navrant lorsque ça sort de la bouche de personnes se disant anti-sexistes/anti-homophobes, mais, qui continuent à entretenir et à développer ce genre de préjugés. Il y en a marre d'entendre quelquefois lors de certains concerts "untel est pédé", et ça en fait rire plus d'un. Si je disait qu'untel est hétéro, est-ce que cela aura le même effet ?

J'en doute.

Il y en a marre de voir ces gens qui cautionnent à travers leur liste de concerts ou zines des groupes ayant des idées homophobes comme le groupe MOD, ex-SOD (avec au chant Milano, macho et casseur d'homosexuelLEs) et tous ces foutus hard-line. Surtout n'hésitez pas à dénoncer tous les autres groupes qui développent ce genre d'idées. Et puis merde, soit t'es pas homophobe alors tu changes ta façon de t'exprimer, soit t'en es un alors t'as rien à foutre ici. D'ailleurs, je trouve étonnant que peu de groupes prennent position sur ce sujet. Ont-ils/elles peur d'être cataloguéEs en tant qu'homosexuelLEs, ou se sentent-ils/elles pas concernéEs ?

Il est d'ailleurs anormal que lors de certaines manifestations anti-fascistes le problème de l'homophobie ne soit pas abordé... et que l'on vienne pas me dire que ce n'est pas l'ordre du jour, car au contraire ça l'est.

N'est-ce pas une forme de fascisme que de rejeter des gens à cause de leur sexualité, d'imposer une seule norme ?

Aux États-unis, certains états ont voté des lois réprimant les pratiques homosexuelles, peut-être qu'en France certainEs politicienNEs proposeront ce type de loi (comme il y a quelques années, mais les assos d'homosexuelLEs ont protesté), mais peut-être encore une fois tu ne te sentiras pas concernéE parce que pas homosexuelLE.

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Pour finir, je citerai ces quelques phrases de Martin Niemoller :

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"Au début, ils se sont attaqués aux communistes,

Et comme je n'étais pas communiste

Je n'ai rien dit.

Ensuite, ce fut le tour des juifs,

Mais comme je n'étais pas juif

Je n'ai rien dit

Après, ils s'en sont pris aux tziganes,

Je n'ai touJours rien dit,

Et quand ils sont venus me chercher

Il n'y avait plus personne pour protester".

Eric REACT, et Gregory.

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UN CAMPING  ANTI-SEXISTE (MIXTE) EUROPÉEN

a eu lieu du 6 au 10 août 98, organisé par Alternative anti-sexiste et l'organisation européenne d'étudiantEs contre le sexisme.

Pour plus d'infos : Alternative Anti-sexiste, émission anti-sexiste Mixture, Radio Campus, Cité scientifique, 59655 Villeneuve d'Ascq cedex.

E.mail : antisexist@hotmail.com

http//www.geocities.com/capitolHill/7422

http//www.mygale.org/06/mixture/

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ETE 97

Cet été (97) se faisait à Lyon la promotion des Journées Mondiales de la "prétendue" Jeunesse, qui s’achevèrent à Paris dans un bain de larmes et de bons sentiments, sous les bons auspices de son excellence Karol Wojtyla le pape Jean-Paul 2, chef tout puissant de l’église romaine, saint conductator des âmes et des esprits.

La campagne de basse publicité effectuée à cette occasion se distingua par d’édifiants appels à la plus nauséeuse des soumissions. D’immenses placards furent collés dans les rues, où s’inscrivaient des slogans tels que "Aimez vos ennemis" (évangile selon st Mathieu) ou bien encore "L’espérance ne déçoit pas" (épître aux Romains).

"Aimez vos ennemis", c’est-à-dire aimez vos oppresseurs.

Sachez apprécier tout ce qui vous dépossède de votre vie et vit de cette dépossession. Il ne suffit pas aux yeux de l’église catholique de subir l’oppression, encore faut-il l’aimer et pourquoi pas la mériter pendant qu’on y est ? D’ailleurs, la conséquence de cette sale petite morale consistant à "aimer (ses) ennemis" ne serait-elle pas en retour de haïr ses amiEs ?

Autre slogan, tiré cette fois des épîtres aux Romains, "L’espérance ne deçoit pas".

L’existence selon saint Wojtyla est effectivement une longue espérance, un interminable chemin de croix, la continuelle attente d’une vie meilleure qui ne viendra qu’à l’heure de ta mort. Tu croyais te nourrir d’espoir et tu réalises à présent ton erreur, c’est l’espoir qui se nourrit de ton corps et n’en laisse rien demeurer que de purs ossements.

L’espérance des chrétienNEs est le prétexte à toutes les résignations. L’espérance, née de la souffrance, finit par s’en accomoder et s’en faire le nécessaire complément. Devenue un mode de vie, elle me sépare du temps immédiat, m’entraîne à l’attente rêveuse et contemplative d’un temps hors du temps, d’un temps mystique où toute douleur s’estomperait.

Nous n’avons pas l’espoir de vivre des jours meilleurs,c’est aujourd’hui ou jamais que se construit notre vie, c’est aujourd’hui qu’il nous faut déjouer les puissances de l’aliénation qui entendent réduire cette vie à une mort de tous les jours.

Plutôt vivre debout que mourir à genoux !

Jérôme.

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Sur la masturbation

Si très souvent le sexe est un sujet tabou lorsqu'il est abordé en dehors des blagues salaces (le sexe fait rire pourquoi ? ll s'agit pourtant d'un acte aussi "naturel" que de manger, boire, dormir, uriner, déféquer : dès que l'on arrive en dessous de la ceinture on sent le malaise, mais je digresse, je digresse...) ; la masturbation est, elle, assez étrangement, dans une société où l'individualisme est de règle, carrément passée sous silence. Y aurait-il de la gêne à parler du plaisir que l'on prend avec son propre corps, même parmi les esprits progressistes et "pas du tout coincés sexuellement" ?

Par masturbation, j'entends bien sûr tout acte permettant de prendre son pied soi-même quel que soit son sexe et les parties de l'anatomie avec lesquelles on y parvient (Ahh !! L'avantage des amants que l'on peut ranger dans un tiroir et qui ne prennent pas toute la place dans le lit !!). A mon sens, il s'agit surtout d'une manière de mieux connaître son corps, et ainsi de parvenir à mieux doser son plaisir et celui que l'on peut donner à d'autres occasions. Certaines pratiques incluant la participation d'unE partenaire ne sont par ailleurs que de la masturbation élaborée, où le plaisir, même s'il est partagé, reste malgré tout solitaire.

On conçoit la masturbation comme un palliatif parce que l'on entend par sexualité des relations avec au moins unE partenaire ("votre entente sexuelle avec les Gémeaux..."), une vie sexuelle accomplie devant forcément passer par la médiation d'une autre personne dans la tête de bien des gens, à croire que l'adage "mieux vaut une masturbation bien menée qu'un coït manqué" n'est pas ancré dans les mentalités ; alors que cela peut parfois tourner au désastre... Sans parler des implications sentimentales (à moins d'accident, les mains ne vous quittent pas, elles...).

Ce n'est que la conception "normative" de la sexualité qui amène à considérer la masturbation comme un acte dévalorisant réservé aux excluEs des personnes désirables.

Minouche.

Des tonnes dans le coeur...

A la longue on s'écoeure

Quand trop pèse la rancoeur

Face à l'exclusion du bonheur

 

On envie, on s'aigrit

Se pare de la mesquinerie

Dénigrant la jalousie

Feignant le mépris

 

Pour cacher la souffrance

L'amour a un goût rance

Au fond, tout au fond

La flamme s'amenuise

Qu'aucun regard n'attise

Rejet, cercueil de plomb

 

Si loin des désiréEs

Dans le tombeau immaculéE,

Personne pour te toucher

On a posé les scellés

 

La carence faisant ternir

Les rêves et les sourires

Pas même un souvenir

Pour empêcher l'âme de croupir.

Minouche

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22 octobre 98

(...) Samedi dernier, je suis allé à un rassemblement contre un meeting pro-life béni par ce vieux tremblant Karol alias Jean-Paul. Il n’y avait pas grand monde (200-300) et pas mal d’assos/partis étaient absents (clôture de budget, grippe...). Vers 14h30, le rassemblement s’est dispersé car une partie allait manifester en faveur du PACS. Une autre partie est allé à Jussieu ou on a discuté avec les amiEs de Lille, puis certainEs ont décidé d’aller à l’autre manif. Moi et Éric les avons suivi jusqu’à un moment car nous avions décidé de faire nos emplettes. Malheureusement, en cours de route, nous avons rencontré un troupeau de fafs (> 20) et une partie d’eux nous a coursé, puis arrivé à notre hauteur, nous ont provoqué - crachat dans la gueule, bousculade, croche-pied - mais on a eu du bol car ça s’est arrêté là. Avec Éric, lorsqu’on en a parlé aux amiEs, on a fait un peu l’analyse. En fait, dans ce groupe, il n’y avait qu’un type prêt à bastonner, le reste était là pour finir le boulot, que heureusement je ne suis pas tombé à terre sinon... et que seulement une partie du groupe nous a coursée (on a su plus tard que d’autres n’ont pas eu la même chance que nous). Je peux te dire que sur le coup je flippais un max, j’avais un sentiment d’impuissance, de subir sans pouvoir réagir et si on avait reçu des coups, je ne sais vraiment pas ce que j’aurais fait, car je ne me suis jamais battu - sauf de rares altercations, de toute façon, j’avais jamais le dessus -. La chose qui me faisais le plus flipper, c’était de recevoir un coup dans la figure et de perdre mes lunettes, et là, je suis mal car je ne vois absolument rien, et pour moi, c’est vraiment un handicap - forte myopie. C’est peut-être en partie pour cela que je me suis pas mal renfermé sur moi-même, de donner une image négative. Il y avait aussi le physique vu qu’à l’époque j’étais bien portant et maintenant, dès qu’on me fais une réflexion sur mon ventre, je le prends au sérieux - enfin bref, j’ai plein de complexes.

Sinon, je te réécris pour que tu m’envoies deux exemplaires de star, numéro que je filerai à un collègue, qui est un bon ami. Il se posait des questions à mon sujet, chose que j’ai su par une amie, et par son biais, il a fait son "come out", et comme il m’arrive de parler de certaines choses assez facilement - même si ça peu prêter à confusion, on est devenu bon ami. (...). Bisous.

Éric.

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28 mai 97

A message for you : hated and isolated boy searching sensitive angel boy, person/s (girls & boys), tired of death, uniformity, isolament, silence, bastards and so on, potentially UFO, for communication & love.

Italy = shit (or maybe just everywhere). Anyway, I'm searching persons who feel interest in exchanging feelings, ideas, expression over the surfaces...

Pierluigi Motti, v. verdi 16, 421OO Reggio Emilia, Italy.

P.S. - If someone writes and receives nothing it means the postman passes no letter (it would not be the first time). I always answer.

Greetings & kisses from Pier.