Des nouvelles de l'ADAM

Notre association existe depuis trois ans. Jusque ici, son activité principale (voire unique) était l'édition de la revue Types. Depuis quelques mois, certains parmi nous ont senti le désir d'avoir une activité sociale et politique plus large. La pétition sur la loi anti-sexiste en était la première manifestation. Pour marquer ce changement d'orientation nous avons modifié les statuts de l'association. Voici la reformulation :

" Cette association a pour objectif la recherche et le développement d'expressions masculines anti-sexistes :

— par l'édition et la diffusion de la revue Types et le bulletin de l'association ;

— par une action pour que les hommes se libèrent des schémas et symboles de la virilité obligatoire ;

— par la critique des structures socio-économiques, des mentalités et des comportements qui maintiennent et génèrent les inégalités entre hommes et femmes ;

— par la création de nouvelles relations sur des bases non-discriminatoires dans le travail, la sexualité, l'affectivité et dans la prise en charge et l'éducation des enfants ".

Maintenant, nous essayons de mettre en route d'autres activités pour que les buts de l'association trouvent une expression concrète.

Les activités de l'association :

PERMANENCE

Nous avons décidé d'assurer une permanence chaque mois, en général le deuxième jeudi du mois. La permanence a lieu au 10 rue Marcadet, 75018 Paris. Métro MarcadetPoissonniers .

La permanence est à la fois un moyen d'accueil pour des gens qui désirent prendre contact avec l'association et un lieu pour des discussions d'ordre général sur les idées et les activités de D'ADAM. Nous évitons de transformer les permanences en séances de travail ou de discussion sur les questions techniques de nos activités. Nos permanences se veulent ouvertes et accueillantes comme des discussions autour d'un café.

RADIO

L'association a le projet d'animer une émission hebdomadaire sur une radio libre (non encore déterminée). Cette émission sera l'occasion de rencontres — sous forme de table ronde " conversation ", interview d'une personnalité, etc. — autour de :

1. thèmes de fond tels que la paternité, le viol, le couple, la drague, l'inégalité des hommes et des femmes au travail ;

2. ou bien d'un livre, d'un film, d'un spectacle de théâtre ;

3. ou d'autres sujets fournis par l'actualité.

Pour animer cette émission, l'idéal serait d'être quatre afin d'assurer la présence à l'antenne d'une équipe de deux personnes tournant alternativement d'une semaine sur l'autre. Il serait possible pour un groupe de personnes de prendre en charge une émission sur un sujet précis comme la contraception, la drague, etc.

L'ÉCOLE

Nous pensons développer une réflexion à propos du sexisme dans les écoles, et notamment sur les manuels scolaires. Dans un premier temps, nous allons discuter avec le groupe " pour une école non-sexiste ". Après cette discussion préliminaire, nous allons préciser ce que nous pourrions faire, en vue de notre participation à un groupe de travail, ou à un débat public.

Pour que vive " Types/Paroles d'hommes "

La revue Types/Paroles d'hommes existe depuis trois ans.

Elle a déjà publié quatre numéros.

Le numéro un paru en janvier 1981 racontait notre façon de vivre LA PATERNITÉ à travers des témoignages, des récits relatifs au désir d'enfants, à la stérilité, à la contraception, aux rapports avec les enfants.

Prix: 20 francs.

Le numéro deux/trois sortait en juin 1981 sur le thème : PLAISIRS. Ce numéro dit des tentatives de plaisirs plus diffus. Car d'habitude, les plaisirs mâles se résument à quelques images : argent, propriété, puissance, violence, pouvoir. Ils hantent les bouquins, la pub et nos têtes. Normatifs. Ça ne nous plaît pas, en général. Mais ils sont difficiles à abandonner.

Prix: 20 francs.

Le numéro quatre parait en juin 1982 : MASCULIN PLURIEL. Partant d'une critique des normes masculines en vigueur (dans le sport, à l'armée, à l'école...) nous avons essayé de définir un masculin singulier à l'écart des fausses complicités bâties sur la misogynie, les compétitions viriles.

Prix: 20 francs.

Le numéro cinq paru en février 1983 : A PROPOS DES FEMMES. Toujours présentes dans nos paroles d'hommes, elles sont devenues le sujet d'un numéro. Nous avons parlé de nos rapports avec les femmes. Approche difficile car nous parlions d'elles en leur absence avec cette crainte de trop en dire ou pas assez. Nous pensions déjà à un numéro mixte laissant certains sujets en suspens : rapports au féminisme, à la rencontre, changements dans la vie quotidienne.

Prix: 33 francs.

Voici le numéro six

Nos motivations pour le faire ont été diverses : essoufflement d'une réflexion non-mixte, impression de narcissisme, difficultés à bien cerner les contradictions et les accords avec les femmes. Il fallait nous réunir, nous confronter. Plusieurs attitudes coexistaient : désir de conflit à l'égard de féministes (assez rare) ; désir, au contraire, de fusion, de rencontre pour envisager des actions communes et pourquoi pas un projet mixte de lutte contre le sexisme ; besoin d'expérimenter un dialogue échappant aux règles du : " je te désire, je te hais ! " ou du " je te désire, je te refuse " ; envie de déboucher sur d'autres codes, de mesurer les avancées de nos consciences grâce au féminisme et aux groupes hommes ; savoir où nous en sommes de nos vies.

Ça a donné ce numéro. Des groupes se sont dissous. Ceux qui devaient aborder les thèmes a risque : divorce, contraception et rôles sexuels. Ils sont cependant revenus par la bande dans les autres groupes.

Finalement, la revue existe. Elle est là. Nous avons craint qu'elle ne voit jamais le jour faute de moyens financiers. Tous les participants à ce numéro ont payé pour qu'elle puisse être imprimée.

Nous espérons toujours que nos fidèles lecteurs la diffuseront feront connaître leurs réactions. Pour survivre, il nous faut cent abonnements nouveaux au minimum. Vous êtes deux cents abonnés... Alors ! Bien sûr une parution régulière moins copieuse en nombre de pages va être tentée. Donnez-nous en les moyens. Notre prochain numéro pourrait être consacré au sujet " les hommes face au sexisme ", rendant compte d'un colloque que nous voulons organiser. Sa cela vous intéresse, contactez-nous.

Prix: 35 francs.

Courrier des lecteurs

Impression générale sur Types : autoflagellation dominante. " Disparition des archétypes ", d'accord. Mais pas pour tomber des anciens poncifs démolis dans de nouveaux " stéréotypes " que sont les idées reçues à la mode.

Beaucoup de questions : c'est très bien, on en est au stade de l'exploration. Quand même on aimerait bien avoir, pour commencer, un début de réponse à : " Mais ces types, ils roulent pour qui ? " (numéro 4, page 76). Et à : " Et pour vous alors, qu'est-ce que c'est être un homme ? " (numéro 4, page 58).

Même les lectrices (plus nombreuses que les lecteurs, est-il écrit dans la revue) attendent certainement autre chose qu'une reprise des slogans féministes. Ne pas oublier que celles-ci ne sont qu'une minorité parmi les femmes, dont la majorité, tout en profitant des conquêtes du féminisme, souhaite ne pas perdre les avantages de la féminité, et bien souvent déteste les militantes.

De toute façon à quoi servirait d'apporter de l'eau à un moulin dont les excès sont évidents ? L'oppression féminine a existé de tout temps. Elle devient maintenant du terrorisme intellectuel. Enquête à faire sur la prise en main, en progression constante, des postes clefs plus ou moins occultes par des féministes ou sympathisantes, dans les médias.

Pour les femmes comme pour les hommes, la tentation de la concurrence, de la ségrégation, de la domination, de l'abus de pouvoir et même de la violence, existe. Cela peut s'exercer contre n'importe qui d'un sexe ou de l'autre, isolé ou en groupe, avec des moyens différents.

Mais, chez les hommes comme chez les femmes, il y a de la compréhension, de l'indulgence, de la bonté, de la tendresse, du dévouement jusqu'à l'abnégation.

Un périodique pour hommes a mieux à faire que de se transformer en pilori pour " pauvres types " complexés, désorientés, désabusés, culpabilisés, entachés du nouveau péché originel d'être nés mâles.

Deux orientations pratiques

La masculinité ne comporte-t-elle pas un besoin d'activité(s) autre(s) que sexuelle(s) ? Autre(s) que la recherche du bonheur par et dans le couple ?

L'oppression féminine pourrait être étudiée concrètement. Si une lectrice a pu écrire : " Je demande qu'on tue une bonne fois pour toutes le père et le mari... " (4-143), pourquoi pas la mère et l'épouse, la belle-mère, sa famille et La Famille ?

Le but de Types ne pourrait-il être la réconciliation dans la discussion, voire après la dispute ?

Voir la dernière page du livre de Jeanne Cressanges : ... " jumeaux émerveillés d'être semblables et différents... " (Ce que les femmes n'avaient jamais dit, Grasset).

Éric Abseneur

Commentaires de la rédaction

Vous avez dit " manifeste " ? Vous avez dit " réconciliation dans la discussion " ?... On a des lecteurs super, à Types, ils savent déjà ce qu'on va faire avant que les articles ne soient écrits. Mettant de côté la brosse à reluire, on peut en effet constater, aussi bien dans notre courrier que dans nos réunions (que dans... l'air du temps ?) une envie de dépasser l'autocritique pour passer à une phase plus " constructive ".

Mais qu'on ne compte pas sur nous pour une quelconque " contre-attaque ", pour le revers canon lifté croisé qui va renvoyer l'étiquette " oppresseur-seuse " de l'autre côté du filet. Nous n'avons nulle envie de recenser les " prises en main plus ou moins occultes des féministes " comme d'autres recensent avec la meilleure mauvaise foi du monde les Pershing ou les SS20. L'histoire du sexisme, est-ce que ce n'est pas, pour commencer, celle du manichéisme ?