est-elle la violence de l'autre ? |
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Compte-rendu du colloque du 22 novembre 2000
Nous avons eu le très grand plaisir d'accueillir à ce colloque plus de quatre-vingts auditeurs, partagés presque également entre des élèves du secondaire et des personnes adultes, membres de diverses associations (Centre d'Action laïque, Missions locales de Schaerbeek et St-Josse, Centre des violences conjugales et familiales, Centre bruxellois d'action interculturelle, Centre familial belgo-immigré, Jeunesse étudiante chrétienne, Vie Féminine, Centre jeunes filles formation, Institut médico-social d'Ixelles, La Voix des Femmes, Quartier Maritime, Jusqu'ici tout va bien, Echevinat de la Jeunesse de l'intégration et de la prévention de Schaerbeek, etc.) ou particuliers interpellés par notre thématique. Nous avons eu également le plaisir d'y accueillir des responsables de la COCOF, institution qui subsidiait cette journée, Madame Pieters, Attachée principale (COCOF) ; Monsieur Boukhourna, Chargé de mission du Cabinet Eric Tomas et Monsieur Michel Duponcelle, Directeur de Cabinet adjoint (Eric Tomas). La matinée comportait des exposés théoriques. Introduction Lorsque le Président de séance, Monsieur Dimitri Kalogeropoulos, eut initié la journée en rappelant notamment la formidable synergie entre les acteurs des différentes associations qui ont participé à notre projet et en rappelant la stratégie de notre recherche. Ensuite, notre Président, Monsieur Ahmad Aminian, résuma tant l'objectif général de notre Centre que la philosophie sous-jacente au projet proprement dit : l'universalité différentielle. Ensuite, Madame Aline Goosens, Historienne (ULB) et Monsieur Baudouin Decharneux, Philosophie et Professeur à l'ULB présentèrent leur exposé : La perception de la violence à travers le temps. Madame Goosens partit d'un instrument moderne, l'utilisation d'Internet, pour glaner les différents concepts actuels, les différents champs que recouvre le terme " violence ". Les trois points qui émergèrent furent la norme et ses transgressions, ce que recouvre la violence (masculine, féminine, des jeunes, délits d'affaires, crimes, etc), et le ressenti de ce phénomène. À partir de là, fut envisagé ce qu'est cette violence reconnue comme telle aujourd'hui. Est-ce celle des temps passés ? Quelle est sa définition ? La violence a-t-elle évolué au cours du temps ? Tout cela conduisit à une définition de ce qu'est l'autre, sans qui la violence ne peut exister, car l'évolution de ce concept est une variable parallèle à celle de ce qui fut et est reconnue comme violence, sujet repris plus amplement par Monsieur Patrick Traube Monsieur Decharneux recadra d'un point de vue philosophique la perception de la violence. Certains actes qui nous sont aujourd'hui intolérables étaient considérés comme normaux à certaines époques (par exemple, le viol d'un esclave, qui n'est pas reconnu comme un être humain) et vice-versa (par exemple le blasphème, toujours puni sévèrement dans certaines sociétés). La représentation de la violence a aussi évolué : l'art antique présente peu de scènes de violence, alors que nous en sommes quotidiennement abreuvés par les médias. Lorsque les codes symboliques changent, les personnes ressentent leur environnement comme très violent, elles n'ont plus de points de repères. C'est ce qui arrive à notre société et l'on peut comparer les bouleversements de notre époque avec celles de l'émergence du christianisme (3e- 4e siècle) ou de la Renaissance. C'est lorsque différentes structures symboliques se mélangent par le brassage des cultures que des problèmes apparaissent parce que certaines personnes perçoivent des faits comme d'une violence extrême à leur égard. La perception de la violence dépend donc beaucoup des différents codes symboliques. Par exemple, la prise de la parole dans les sociétés antiques et traditionnelles est réservée aux hommes d'un certain âge, chefs de familles, tandis que dans nos sociétés, les jeunes ont droit à la parole, mais le bruit qu'ils font est ressenti comme une violence terrible et entraîne des conflits parfois mortels. L'enjeu dans notre société multiculturelle est donc de comprendre les codes symboliques de l'autre et, dans l'avenir, de créer un espace symbolique commun.
Patrick Traube, Psychologue et auteur de différents ouvrages dont " Violence : côté face et profil " présenta ensuite un exposé intitulé Il n'y a pas de violence gratuite. Cet exposé se fit autour de cinq idées-forces
En conclusion : la violence de l'un, n'est-elle donc pas toujours une réponse à la violence de l'autre ? Enfin, Dimitri Kalogeropoulos, Criminologie et Sociologie du Droit, Professeur CNRS et ULB et Stéphane Parmentier (Licencié en philosophie (ULB), Collaborateur au projet au " Centre Culturel Omar Khayam " ASBL) nous présentèrent Stratégie de la recherche et dégagement des tendances à partir du questionnaire. Dimitri Kalogeropoulos. Notre recherche est inductive, c'est-à-dire que nous avons essayé de saisir les comportements qui sont ressentis comme violents par la population concernée par la recherche. En multipliant les endroits où est faite la recherche, nous pouvons dégager des conclusions plus valables pour l'ensemble de la perception. Nous nous sommes donc basé sur des points d'appui : écoles, associations diverses : aide aux familles en difficulté, aide à la recherche de travail, écoute, etc. Donc des lieux où les gens doivent venir ou viennent de leur plein gré et où nous avons enquêté en tenant compte de la structure de communication propre à chaque point d'appui. Différentes caractéristiques permettent d'identifier les personnes interrogées, comme leur travail, leur niveau de revenu, la composition de leur famille, leur niveau d ëétudes, etc. C'est à partir de ce cadre que nous avons dégagé les différentes réactions à la violence en interrogeant les gens par des questions ouvertes (par exemple : qu'est-ce qui vous vexe, qui vous humilie, etc.) et fermées (par exemple : que ressentez-vous et que faites-vous lorsqu'on vous vole - avec toute une série de choix possibles). A partir de douze points de repères, nous avons examiné quelles étaient les réactions les différents types de population interrogée (homme, femme, différents âges, etc.). Il existe un axe de divergence très important dans les résultats de cette enquête, c'est l'axe hommes - femmes. La première agression identifiée comme telle par les femmes est l'agression sexuelle, tandis que chez les hommes c'est la violence physique. Des coïncidences existent néanmoins entre les perceptions des hommes et des femmes : la vexation, la moquerie, l'injure, la menace par arme blanche. En matière d'agression contre les biens, on note qu'une plus grande importance lui est accordée par les hommes que par les femmes, tandis que pour le viol, c'est le contraire. Cela suscite également l'hypothèse de travail suivante : la fréquence des comportements au quotidien crée la hiérarchie des classements. Parmi les cinq premiers comportements ressentis comme violents, on trouve : ce qui est fait pour me vexer, ce qui est fait pour m'humilier, la menace par la parole, la détérioration d'un objet appartenant à la personne et le vol. Ce sont donc les événements violents les plus courants de la vie des personnes interrogées, ou ceux qui les inquiètent le plus. Un autre axe est celui de l'âge. Chez les personnes de plus de cinquante ans, la détérioration d'un objet qui leur appartient est leur première préoccupation. L'agression sexuelle est par contre la principale préoccupation des gens de 13 à 19 ans. Il existe également une différence de point de focalisation de la violence par rapport aux revenus des personnes. Les personnes ayant des revenus de plus de soixante mille francs par mois citent : la menace avec arme blanche, la menace par la parole, la violence physique, le vol, l'agression sexuelle et l'injure. Pour des gens aux revenus de moins de quarante mille francs, les six comportements qu'ils ressentent comme violents sont : détériorer un objet qui leur appartient, l'agression sexuelle, l'humiliation, la menace par la parole, le harcèlement sexuel et le vol. Dans les deux cas, on retrouve néanmoins des paramètres communs : le vol, l'agression sexuelle, la menace par la parole, reflets des comportements auxquels sont les plus confrontés nos concitoyens. Stéphane Parmentier La méthodologie de dépouillement de l'enquête a été le croisement des réponses tant aux questions ouvertes (après identification sémantique) que fermées avec les éléments d'identification des personnes. Nous nous concentrerons dans cet exposé sur ce qui relatif à la perception de la violence dans les médias qui fait également l'objet d'un atelier. La violence à la télévision a été étudiée dans une importante partie de notre questionnaire. Les différents points concernaient la vision de cadavres, de meurtres, de viols, de tabassage et de violence verbale et également de nus et de rapports physiques. Le premier constat est que, quelle que soit la personne interrogée, il y a une plus grande sensibilité à l'égard de ces violences si elles sont le reflet de la réalité que si elles appartiennent à un film. Les personnes sont en priorité sensibles aux images viol. Les personnes les plus jeunes sont les moins sensibles à ces images, plus elles sont âgées, plus elles le sont. Les femmes sont plus sensibles aux images violentes que les hommes tout comme pour les images de nus ou d'amour physique. Les personnes à faible revenu sont plus sensibles aux images violentes tandis que les personnes avec un revenu plus élevé s'y montrent plus indifférentes.
Enfin, Dimitri Kalogeropoulos, Criminologie et Sociologie du Droit, Professeur CNRS et ULB et Stéphane Parmentier (Licencié en philosophie (ULB), Collaborateur au projet au " Centre Culturel Omar Khayam " ASBL) nous présentèrent
L'après-midi fut consacrée aux ateliers qui comptèrent de 7 à 24 participants, selon les thèmes. La problématique de la violence dans les Centres fermés et ouverts. La violence des jeunes, la violence institutionnelle. Quel suivi à leur sortie ? L'expérience de l'ASBL " Jusqu'ici tout va bien " était animé par Mohammed Azaitraoui (Conseiller musulman IPPJ), Pierre Carlier (Criminologue (ULB), Conseiller laïque IPPJ, Président et Fondateur de l'ASBL " Jusqu'ici tout va bien "). 17 participants. Nous avons expliqué aux jeunes filles, en majorité dans le groupe, comment étaient gérés les problèmes de violence au sein de l'institution. Nous avons également exposé la progression et les systèmes mis en úuvre par les personnes chargées de l'éducatif au sein de l'institution pour résoudre les problèmes de violence d'une manière comportementaliste. Nous avons pu mettre en rapport le travail fait dans le cadre de l'IPPJ et les conclusions de l'enquête, notamment quant à la légitimité et à l'illégitimité de la violence telle qu'elle est ressentie tant par le personnel d'encadrement ou éducatif que par les jeunes qui la subissaient ou y réagissaient. Il s'en dégage que les systèmes mis en pratique ne répondent pas nécessairement aux objectifs à long terme de ce qui permettrait la réinsertion des jeunes. D'autres solutions pourraient être mises en úuvre dans cette optique, notamment en ce qui concerne les solutions trop souvent usitées prolongeant les mandats judiciaires à l'égard des jeunes après leur sortie d'institution. " Jusqu'ici tout va bien ", qui travaille en dehors du cadre de ces mandats, tente de rejoindre le désir du jeune en lui-même et non pas de rentrer dans un projet éventuel qui aurait été élaboré pour tenter de sortir de l'engrenage de l'IPPJ et du cadre éducatif. Cet atelier a également permis de dégager la spécificité des fonctions du conseiller philosophique par rapport à celui du personnel éducatif des institutions. Il existe des conseillers laïques, catholiques et musulmans. Ils sont souvent conduits à jouer un rôle de médiateurs entre les jeunes qui se confient à eux et l'équipe d'encadrement et éducative, ce qui n'est pas évident par le fait que les conseillers sont peu nombreux et se retrouvent face à des groupes d'intervenants plus structurés et solidaires.
2°) La perception de la violence selon le sexeanimé par Khadija Khourcha (Animatrice à " La Voix des Femmes " ASBL) et Marie-Jeanne Loosen (Animatrice à " La Voix des Femmes " ASBL). 10 participants Dans cet atelier ont été relevés les différents rôles et genres. Chacun, selon son sexe, est élevé selon des schémas différents qui impliquent qu'ils n'ont pas les mêmes réactions face à la violence. Par rapport à la violence économique qui touche la famille, les femmes ont davantage le courage d'aller trouver, par exemple, une assistante sociale, tandis que les hommes ne le font pas, car ils sentent que leur statut traditionnel de père de famille leur échappe, ce qui les entraîne dans la dépression. Par rapport au racisme, on a remarqué qu'hommes et femmes réagissaient violemment, mais les femmes le font verbalement tandis que les hommes réagissent de façon plus physique, allant jusqu'à commettre des actes de vandalisme. Une idée abordée dans cet atelier a été que c'est déjà une violence pour l'être humain d'être " seulement " un homme ou une femme, à cause du rôle et du schéma imposé à chaque sexe et dont il est difficile de sortir. Par rapport à la culture d'origine, les rapports à la violence sont différents. Certaines femmes parlent plus aisément, et comme de quelque chose qui a permis de régler un problème, de la violence qu'elles subissent de la part de leur conjoint. Il faut néanmoins être vigilant de ne pas banaliser cette violence réelle et récurrente. Aucune culture ne la tolère. Il faut faire la différence entre les divers rapports aux corps qui impliquent que se bagarrer est accepté, et la récurrence de la violence physique. Dans certaines cultures, la violence dans le couple fait partie de la sphère privée et il n'y a d'ailleurs pas très longtemps qu'en Europe ce problème touche à la sphère politique, avec, par exemple, la mise en place de refuges d'accueil pour femmes battues et de centres de traitement pour les hommes. Pour des hommes en détresse, peu d'endroits de parole existent, par rapport à ceux qui sont prévus pour les femmes. 3°) Le ressenti et la perception des images violentesanimé par Gabriel Thoveron (Professeur émérite d'Histoire et Sociologie des Médias à l'ULB), José Sanchez (Psychologue social (ULB) et Coordinateur à Démocratie Plus ASBL) et Stéphane Parmentier (Licencié en philosophie (ULB), Collaborateur au projet au " Centre Culturel Omar Khayam " ASBL). 25 participants. Monsieur Thoveron a fait tout d'abord fait un exposé sur la violence spectacle qui existait par le passé dans la rue par les exécutions en public pour en venir à la violence spectacle à la télévision. Ensuite, c'est surtout de la banalisation de la violence à la télévision dont il a été question, en reprenant comme base l'enquête menée. Les plus jeunes sont moins sensibles que leurs aînés à la violence télévisuelle. La différence de perception entre la violence dans la fiction et la réalité a également été évoquée. Elle tend pourtant à s'amoindrir à cause d'une part de l'optique commerciale de la télévision qui donne même aux journaux télévisés un aspect spectaculaire pour attirer les gens et du fait que la violence dans les films devient de plus en plus proche de la réalité. Un autre point fut celui de la différente perception de la violence télévisuelle par les hommes et par les femmes. Les garçons, dès l'âge de neuf ou dix ans, se montrent moins sensibles et plus agressifs que les filles. On ne peut que constater qu'il n'y a toujours pas d'égalité de fait entre les hommes et les femmes, ce qui les conduit à avoir des choix différents face aux programmes télévisés, les hommes préférant les films d'action et de violence et les femmes les histoires sentimentales. Si les femmes sont plus sensibles à la violence, ont une attitude plus négative par rapport à elle, lorsque leur inhibition saute, leur expression de la violence sera bien plus forte que celle des hommes. Le non-accompagnement des parents par rapport aux programmes que regardent leurs enfants a été constaté : les parents sont totalement indifférents quant aux choix de leurs enfants. La signalétique à la télévision ne sert pas à grand chose dans un tel cadre et plus que de faire interdire par les parents à leurs enfants de regarder les émissions incriminées, elles devraient attirer leur attention sur la nécessité d'un accompagnement. La télévision et sa banalisation de la violence a un impact sur la réalité : les personnes qui regardent plus souvent des programmes plus violents ont une propension à avoir des comportements plus agressifs dans la vie réelle. Les participants aux ateliers auraient aimé qu'on leur donne une sorte de grille de décodage de la violence surtout insidieuse qui est présente à la télévision, ce qui est significatif d'une demande de la part d'un public qui ne parvient pas toujours lui-même à faire ce décodage. Ont été également évoqués dans cet atelier, la mondialisation et le phénomène Internet. 4°) La violence à l'écoleanimé par Amal Khalfaoui (Professeur de sciences à l'Athénée Cudell) et Ahmad Aminian (Président du Centre Culturel Omar Khayam, Médiateur scolaire à l'Athénée Léon Lepage, Collaborateur scientifique à l'IERL, ULB). 18 participants. L'atelier a débuté par l'exposé d'une expérience professionnelle personnelle en tant que professeur au Lycée Guy Cudell qui compte une quarantaine de nationalités différentes et se trouve dans la commune la plus pauvre de Belgique. Le Lycée fait partie du programme de discrimination positive, c'est une zone dite sensible où il y a beaucoup de décrochage scolaire. Les principales causes de la violence dans cette école sont :
La violence à l'école s'exerce aussi sous des formes moins visibles que celle des élèves :
Les pistes de solutions évoquées lors de cet ateliers sont :
En conclusion : la philosophie sous-jacente à la crise que vit l'école est un conflit entre modernité et traditions. On parle beaucoup de démocratie à l'école, or elle prépare à une division de la société. Il est nécessaire d'envisager une nouvelle définition de l'école dans la société. De même, chacun a son seuil symbolique de violence et il convient d'établir un code commun afin de respecter le ressenti de chacun, mais également de créer un langage symbolique restreint qui permet de transmettre des valeurs communes. L'école n'est pas uniquement un lieu d'apprentissage, mais aussi un lieu où des émotions peuvent s'exprimer, or notre culture le nie trop souvent.
5°) La violence économiqueanimé par Romano Oscari, (Consultant indépendant, Conseil en développement industriel), Isabelle Launoy (Animatrice au " Pélican " ASBL). 7 participants. Nous avons tout d'abord identifié ce qu'est la violence économique, et des différents endroits où elle s'exerce. Une des premières sphères est ce qui touche au travail et à la violence salariale. En effet, dans notre société, on est trop souvent ce qu'on gagne comme argent et ce que l'on peut acheter. La violence économique à l'égard des chômeurs est encore plus importante, et est exercée aussi à l'égard des jeunes à qui l'on dit que cela ne sert à rien d'étudier parce qu'ils iront de toute façon au chômage. D'autre part, il y a une violence exercée dans certains milieux de travail où l'on accule les gens à faire de nombreuses heures supplémentaires, les conduisant à aller au-delà de leurs capacités biologiques. Une seconde sphère est celle du progrès, notamment dans ses incidences actuelles sur l'alimentation. Le progrès est certes indispensable, mais son danger réside dans le fait qu'on ne maîtrise pas nos choix. D'une part, ce qui est montré comme un progrès général, qui devrait améliorer le sort de l'humanité, est récupéré par des lobbys économique dont l'idéal n'est pas de pouvoir nourrir tout le monde, mais de faire le plus d'argent possible. D'autre part, nous ne pouvons pas maîtriser nos choix parce que la durée de vie d'un être humain, et sa période de travail d'environ cinquante ans, ne lui permettent pas de maîtriser toutes les conséquences des progrès dont il est initiateur et responsable. Une troisième sphère de violence économique est celle de la publicité qui influence les enfants et les adultes à faire des choix qui ne correspondent pas à ce dont ils ont réellement besoin. L'induction de ces besoins marginalise les gens qui ne peuvent pas consommer, faute d'argent. Une quatrième sphère a abordé les violences économiques personnelles : on se fait du mal à soi-même lorsqu'on se laisse happer par ce système qui ne nous convient pas. On devrait pouvoir choisir de ne pas fonctionner dans ce système sans se trouver au ban de la société. C'est très difficile en tant qu'individu, mais cela devient possible lorsque les citoyens se regroupent pour imposer des choix qui conviennent mieux. La cinquième sphère est celle de l'éthique. Il est important de distinguer attitude et idéaux éthiques : certaines personnes ont de grandes idées, mais sont prêtes à tout pour les imposer, selon le mode de pensée " la fin justifie les moyens ". Avoir une attitude éthique, c'est faire ce qu'on croit qui est bien, mais sans vouloir à tout prix l'imposer aux autres et " gagner ". La sixième sphère est que les gens confondent avoir et être et sont prêts à n'importe quoi, y compris des actes très violents pour avoir, alors qu'il conviendrait d'abord de savoir qui on est pour ensuite décider de ce que l'on va faire et de comment on va le faire. Ceci implique toute une éducation qui permette aux gens de devenir créatifs, de maîtriser leur création et susciter une réelle dimension éthique.
Conclusion générale En conclusion, Monsieur Kalegoropoulos rappelle une phrase de l'allocution de Madame Goosens : il faut élever au niveau du sacré une économie d'idées avec laquelle il faut se battre. Si un consensus s'est dégagé lors de nos travaux et de notre colloque, c'est bien la nécessité :
Il n'y a pas de " remède miracle " à la violence : pour la prévenir ou résoudre les conflits, il est nécessaire de travailler à long terme sur les concepts évoqués ci-dessus et de façon adaptée à chaque cas, tout en conservant à l'esprit la nécessité d'úuvrer dans la perspective d'un universalisme différencié fédérateur, mais aussi respectueux de chacun et de chacune. C'est pourquoi, nous espérons trouver les moyens matériels de continuer notre action. |