Attitudes des délinquants sexuels 

à l’égards de leur resocialisation

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Attitudes des délinquants sexuels 

à l’égards de leur resocialisation

 

REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
Union - Discipline - Travail

  

Introduction

Partout où il y a des hommes, il y a aussi nécessité d'éducation afin de pérenniser la société humaine à travers la socialisation. Celle-ci implique une dynamique relationnelle basée sur les interactions sociales, sur diverses pressions que la société exerce sur les individus en vue d'une conformité, d'une adéquation du comportement aux règles intrasociales. Cependant, l'observation de la race humaine nous conduit à constater que la vie en communauté n'évolue pas toujours sans heurt. La vie en société engendre des inadaptations sociales, d'ou des cas de déviance qui constituent des déchets de la machine sociale. Parmi ces déviances, nous pouvons citer la délinquance juvénile, la drogue, la violence, l'alcool, la délinquance sexuelle... C'est dans cette optique que nous nous sommes intéressés aux actes de délinquance sexuelle qui ne cessent de prendre de l'ampleur à travers de multiples cas de viols, pédophilie, crimes sexuels ou agressions sexuelles enregistrées aujourd'hui dans la plupart des grandes métropoles africaines et fortement dénoncés par la presse nationale et internationale, les Organisations de Droits de l'Homme et les Organisations Non Gouvernementales. Ces actes constituent des problèmes psychosociologiques liés à la désorganisation des sociétés actuelles sans cesse en mutation, mutations qui entraînent avec elles des comportements qui jadis étaient ignorés dans nos sociétés mais qui sont curieusement adoptés par snobisme. C'est ainsi que les comportements sexuels qui hier étaient considérés comme pathologiques et tabou sont désormais monnaie courante. Il s'agit notamment de l'homosexualité, de la pédophilie, de l'inceste, de la prostitution... L'émergence de ces fléaux autrefois inconnus entraîne un accroissement rapide du nombre des prisonniers. De ce fait, les prisons africaines construites pour la plupart dans les années 1960 n'arrivent plus à faire face à un effectif devenu pléthorique. Face à la montée de ce fléau, produit de l'interaction sociale, quelle est l'état d'âme de ces déviants face à une tentative de resocialisation ? Comment la société s'y prend t-elle pour récupérer et réinsérer ces individus que nous pouvons qualifier de déviants ? Après avoir posé le problème, nous définirons les concepts clés, examinerons les théories qui soutiennent cette étude et enfin nous élaborerons des hypothèses qui seront soumises à l'analyse. Par la suite, après avoir défini la méthodologie de recherche, nous terminerons par la présentation des résultats.

I - Problématique
Toute société humaine quelle qu'elle soit aspire à un développement économique, social, politique et culturel par une synergie effective dans le but de procurer un "mieux être" aux individus qui la composent. Cette synergie conduit les hommes à un effort d'adaptation, afin de faire face aux profondes mutations qui engendrent des inadaptations sociales. Parlant précisément de la sexualité humaine, on note aujourd'hui une forte émergence des violences sexuelles qui touchent aussi bien les femmes que les enfants, tout sexe confondue. Ces violences proviennent des quatre coins du monde. Pour Gérard Lopez et Gina Piffaut (1993, P.29 - P.30), "on a enregistré en France plus de 2937 cas de viols en 1986, 4582 en 1990 et 5048 cas en 1991". Ils notent par ailleurs "1165 cas d'incarcération en 1981. En 1990 sur les 5048 cas de viol enregistrés, 2465 seront incarcérés". Des pays comme le Danemark, la Russie, les USA, le Canada et autres sont touchés par ce fléau. En 1984, 42,1 % de la population canadienne reconnaissait avoir été victimes d’agressions sexuelles - exhibitionnisme, attouchement, viol - pendant l’enfance. (Psychologies N° 146 d’Octobre 1996). Au Canada, une récente enquête déclare aussi que presque toutes les femmes interrogées déclarent avoir subi au moins une fois dans la vie des agressions sexuelles. (Op cit.). Selon une mission de la Communauté Européenne, plus de 20 000 musulmanes auraient été violées en Bosnie depuis le début de la guerre, en Avril 1992. En Afrique, l'influence des valeurs occidentales depuis la colonisation tend à "importer" certains maux relevés dans les pays occidentaux. On peut noter entre autre la délinquance, la prostitution, la pédophilie, les délits sexuels ou violences sexuelles... L'émergence et l'expansion que connaissent ces phénomènes nouveaux inquiètent tous les observateurs de la société africaine.

C'est ainsi que Christine Saravito annonce sur les ondes de RFI lors du journal du 04 Mars 1997, qu'on a enregistré environ 1 million de cas de viols en Afrique du Sud en 1996, dont 75 % des victimes sont des noires. En Côte d'Ivoire, le phénomène prend des allures inquiétantes. De 1996 à 1997, les statistiques de l'Etat Major de la sécurité donnait des chiffres qui étaient en nette progression. En 1997, on a enregistré 627 infractions sexuelles contre 216 en 1996. Quand on imagine le nombre de viols et d'agressions sexuelles qui ne sont pas rapportés à la police, cela semble inquiétant. Par ailleurs, la presse nationale ne cesse pas de mentionner des cas poignants de viols et d'assassinats perpétrés chaque jour sur des femmes et même des enfants, créant ainsi l'insécurité au niveau de la population. Une enquête sommaire menée en Juillet 97 par S.O.S. Violences Sexuelles à Abidjan sur un échantillon de 200 personnes révèle que 16,5% de personnes interrogées ont été victimes de viol. Sur les 16,5% de personnes victimes, 10% l'ont été pendant l'enfance et 6,5% à l'adolescence ou à l'âge adulte. En Octobre 1997, un séminaire organisé par l'UNICEF et l'INFAS révèle que plus de 300 personnes sont incarcérées à la MACA pour abus sexuels. Quoi qu'il en soit, le problème des violences sexuelles se trouve posé en Côte d'Ivoire. Ce qui amène Monsieur Djédjé Gou, Substitut du Procureur de la République à inviter les femmes et les jeunes filles victimes à "intenter des procès en justice contre leur bourreau afin d'enrayer ce fléau". (Mousso n°194 du 25 - 06 - 97 P.5) A la vue de l'ampleur que prend ce phénomène, on se pose la question de savoir ce que dit les lois ivoiriennes en matière de répression des violences sexuelles, et surtout quel sort est réservé aux personnes incarcérées pour abus sexuels, et quelle initiative est prise pour favoriser une réinsertion sociale de ces incarcérés. Notons qu'en Côte d'Ivoire, les délinquants sexuels sont enfermés ou placés dans des institutions sans une étude approfondie des délits commis, et sans trop de distinction de délits. Partant de là, nous nous posons la question de savoir si l'internement des délinquants sexuels a un effet durable et efficace sur leurs attitudes à réintégrer une vie sociale normale. En un mot, l'internement est-il suffisant pour empêcher la récidive chez ces sujets ?

II - Analyse Conceptuelle
1 - Attitudes.
En nous référant à Thurstone et à Serges Moscovici, nous pouvons définir l'attitude comme étant une disposition mentale et nerveuse, relativement stable, organisée par l'expérience et qui peut exercer une influence directive sur la conduite de l'individu par rapport aux objets et situations avec lesquels les sujets sont en relation. Newcomb et Serges Moscovici montrent que l'attitude est une réalité psychosociale pouvant exercer un effet sur l'orientation de l'organisme et sur les échanges de l'entourage. Elle peut apparaître dans l'opinion ou le comportement de l'individu.

2 - La délinquance, délinquance sexuelle et viol.
Selon Yvonne Castellan, la délinquance se définit par rapport à la loi. L'acte délinquant serait donc un comportement émis par un sujet et qui induit une sanction pénale, une peine légale. Pour Roger Muchielli, la délinquance vraie est comme une structure de la conscience et de la conduite. Elle se caractérise par l'agressivité, l'exploitation d'autrui, le comportement anti social... Par délinquance sexuelle, il faut entendre l'ensemble des actes ou délits sexuels qualifiés d'antisocial et impliquant l'exploitation d'autrui ainsi qu'un degré d'atteinte à sa personnalité. Elle est liée aux viols, violences sexuelles ou pratiques sexuelles déviantes. Quant au viol, il est défini par Armando Vendiglione (1997, P.268) comme "un acte de violence par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme contre sa volonté".

3 - Socialisation - Resocialisation.
Etre socialisé, c'est apprendre à se lier à ses parents, à ses amis mais aussi à modeler sa vie de manière à l'ajuster à celle des autres (Norman Morris et Col). Autrement dit, être socialisé, c'est apprendre à intégrer la société dans son ensemble. Quant à la resocialisation, elle n'a lieu que lorsque la socialisation a été faite ou lorsqu'elle a échoué, elle consistera à transformer les valeurs du jeune, lui faire acquérir d'autres valeurs plus nobles pour la vie sociale.

III - Revue de littérature et hypothèses La littérature est particulièrement féconde sur le thème de la délinquance. Cette littérature présente les délinquants en général et les délinquants sexuels en particuliers comme des malades mentaux et qui nécessiteraient des interventions psychiatriques (médicales). Les médecins psychiatres, à l'image d'Esquirol ou de Lombroso privilégient le traitement hospitalier. Pour eux, au lieu de réprimer ou de battre sauvagement les délinquants - étant entendu que les comportements atypiques résultent des facteurs psychiatriques, psychopathologiques -, il faut plutôt leur administrer un traitement. Par la suite, Norman Morris (1978) soutiendra que l'agresseur récidiviste est catalogué comme "subnormal". En 1959, le Ministère de la Santé publique de Grande Bretagne publia un décret officiel concernant les individus initialement appelés "déficients mentaux". Dorénavant, on les appellerait "infranormaux" ou "subnormaux". Ces catégories comprennent également les personnes dont le QI se situe entre 20 et 75. Ce décret concerne aussi les psychopathes souffrant d'une incapacité ou d'un désordre mental permanent entraînant une conduite anormale agressive ou totalement irresponsable chez le patient et requiert un traitement médical. Bref, pour bon nombre de chercheurs, le sujet délinquant serait celui qui présente une dysmorphie dégénérative liée à un dysfonctionnement psychologique ou une malformation anatomique ou endocrinienne qui induisent des conduites agressives. Cette conception de la délinquance donnera lieu à des traitements médicaux, notamment endocriniens (Georges Levasseur, 1959). Il soutiendra en plus que "dans certains pays, des interventions chirurgicales en particulier des interventions neurochirurgicales sont pratiquées chez les délinquants sexuels". Ceci en vue de transformer les comportements des sujets et réduire les taux et les risques de récidives. Cette conception organiciste a longtemps dominé le traitement des troubles psychique. En ce qui concerne les actes de violences sexuelles, un article retentissant paru dans le quotidien français "le Monde" (du 18/06/97 n°16295, P.9) propose des traitements psychologiques et médicaux dont le but est de réduire les risques élevés de récidives chez les auteurs d'agressions sexuelles. Les prescriptions médicamenteuses ont pour conséquences de limiter ou de supprimer la tentation de passage à l'acte d'agression sexuelle et de modifier certains aspects physiologiques du comportement sexuel (érection, éjaculation). Pour l'IHESI (Institut des Hautes Etudes de la Sécurité Intérieure) en France, des traitements hormonaux antiandrogènes consistent à remplacer dans le cerveau, (hypophyse) la testostérone par un produit aussi neutre que possible pour inhiber l'activité sexuelle. Ce traitement présente de limites sur certains sujets. Par ailleurs les chercheurs de l'IHESI sont sceptiques quant aux thérapies psychologiques, car selon eux, même si on observe que les pédophiles ou délinquants traités récidivent moins que ceux qui n'ont pas été traités par des thérapies psychologiques, on s'aperçoit que la différence entre le taux de récidive n'est en général pas significative. Malgré cette critique, les thérapies psychologiques sont largement utilisées aujourd'hui dans le traitement des troubles psychoaffectifs et sexuels. En effet, l'avènement de la psychanalyse avec Freud va profondément contribuer à la modification des théories et concepts jusque-là admises comme vérité. A la suite du traitement d'une jeune fille qui souffrait des troubles hystériques, Freud vint à dire que les troubles psychiques survenaient à la suite des erreurs d'éducation, des traumatismes et autres facteurs qui jalonnent la vie de l'enfant de la naissance à l'adolescence. En effet, pour la psychanalyse, le délinquant en général et le délinquant sexuel en particulier présente des insuffisances au niveau du Surmoi : il dispose d'un Surmoi faible qui laisserait le Moi donner libre cours à des pulsions. Il sera donc question d'aider le sujet à compenser ces failles en lui apprenant les valeurs sociales, à surpasser ses faiblesses afin de s'adapter à son environnement. Pour le Pr. Alain Sissoko, il sera question d'inculquer les règles, les valeurs, les bonnes habitudes nécessaires à la vie sociale. Maurice Cusson quant à lui soutiendra qu'il faut restaurer le Moi déficient du délinquant et agir sur le Surmoi. Au niveau social, il faut comprendre que les sujets sont non seulement en conflit avec eux-mêmes, mais aussi et surtout en conflit avec la société. En effet, selon Dulan Barber (1978), le comportement du délinquant et principalement du délinquant sexuel est perçu comme un acte de vengeance contre la société et contre le sexe qui l'a repoussé ou qui le repousse ; la société ne lui donnant pas les moyens physiques et matériels de s'épanouir. Mais retenons que le problème de la délinquance sexuelle a toujours été approché par la répression qui a consisté à enfermer les auteurs de viols dans les pénitenciers. Dans la plupart des pays, y compris la Côte d'Ivoire, ils sont placés dans des cellules ou dans des centres en même temps que les autres délinquants, les privant de liberté dans le but de les amener à se remettre en cause et à réintégrer la société. Des peines afflictives sont donc prononcées à l'encontre de ceux-ci. Ces internements sont de durées variables suivant le degré de délits commis et selon l'âge. Une telle tentative de résolution du problème des agressions sexuelles, mieux de récupération sociale des délinquants sexuels peut-elle fournir des résultats positifs ? Quel impact cela peut avoir sur leurs attitudes ?

Hypothèse générale L'attitude des délinquants sexuels à l'égard de leur resocialisation varie suivant l'âge et la durée d'internement.

Hypothèse spécifique 1: plus l'individu est âgé, plus son attitude à la resocialisation est favorable.

Hypothèse spécifique 2: plus l'individu a une courte durée d'internement, plus son attitude à la resocialisation est favorable.

 

METHODOLOGIE. Lieu de l'enquête: Cette recherche s'est déroulée à la Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan (MACA). La MACA est constituée de plusieurs bâtiments dont les bâtiments A, B, C ou blindé, le bâtiment des Assimilés, un pavillon pour femmes appelés Kremlin par les prisonniers, un Centre d'Observation des Mineurs (COM), un centre de santé, une église, une mosquée, des aires de jeux et l'administration. La Maison d'Arrêt est dirigée par un régisseur, assisté par un adjoint, aidés dans leur tâche par des gardes ainsi qu'un personnel administratif. La MACA est placée sous la direction du Ministre de la Justice et du Garde des Sceaux.

Population d'étude et échantillon : Notre population concerne les sujets délinquants, précisément les personnes internés à la MACA pour agressions sexuelles (viol, pédophilie, inceste...) sur des victimes tant mineurs qu'adultes. Ces sujets doivent être internés à la MACA ou au COM. Seuls les sujets qui répondaient à ces critères ont fait l'objet de notre étude. Dans un soucis de constituer un échantillon avec autant de sujets mineurs que des sujets majeurs, nous avons retenu 40 sur 60 sujets interrogés, soit au total 20 majeurs et 20 mineurs.

Les instruments de la recherche. Nous avons utilisé un questionnaire de personnalité conçu selon notre hypothèse générale et les hypothèses spécifiques. Un entretien semi-directif a été utilisé en complément au questionnaire et nous a aidé à déceler les aspects subjectifs (facteurs affectivo-émotionnelles...), que le questionnaire n'a pas pu prendre en compte.

Résultats

Vérification des hypothèses :

H1: l'individu a une attitude d'autant plus favorable à la resocialisation qu'il est âgé, n'est pas vérifiée. H2: plus l'individu a une courte durée d'internement plus son attitude à la resocialisation est favorable, est vérifiée. Que les sujets soient âgés ou pas, placés dans un pénitencier, ils ont tendance à réagir de la même manière car trouvant les conditions de vie de prison difficiles. Tous souhaitent recouvrer leur liberté. Leurs attitudes n'évoluent pas selon qu'ils sont mineurs ou majeurs. Mais ceux qui ont une courte durée d'internement semblent favorable à la resocialisation que ceux ayant une longue durée ; ces derniers ayant plus de temps à passer dans ces lieux qu'ils jugent difficiles à vivre et à supporter. On pourrait aussi supposer que ceux qui ont une courte durée auraient commis des délits mineurs et ceux ayant une longue durée des délits plus graves. Ainsi, leur long séjour pourrait les amener à s'habituer aux moeurs obscènes des autres grands prisonniers, rendant alors plus difficile la resocialisation.

Conclusion

Les nombreux internements ou emprisonnements des délinquants sexuels suffisent-ils à influencer positivement, de façon durable et efficace leurs attitudes vers un changement de comportement ? Nous avons entrepris ici, de répondre à cette question, question certes complexe qui a sous-tendu notre étude et que bien des gens seraient amenés à se poser. Au terme de nos investigations, il nous semble difficile de répondre de façon absolue à cette question par l'affirmative. Mais il nous semble aussi interdit d'affirmer le contraire, de dire que les simples internements ou emprisonnements n'atteignent jamais leur but quels que soient l'âge et la durée d'incarcération de ceux-ci. Par ailleurs puisque le milieu se présente comme un véhicule et un instrument de contrôle de l'adéquation du comportement sexuel aux règles intrasociales, et puisque les groupes sociaux et les institutions qui la composent exercent une pression plus ou moins forte sur l'individu afin de l'amener à une certaine conformité sociale, pourquoi ne pas faire intervenir l'action de l'éducation sexuelle lors de l'internement des agresseurs sexuels ? Ceci aurait pour but de les responsabiliser davantage vis-à-vis des actes sexuels qu'ils posent sans mesurer les conséquences sur autrui à cause des MST-SIDA, des traumatismes psychologiques, et grossesses non désirées ; sur lui-même face à la prolifération des MST-SIDA et sur la société avec le phénomène des enfants abandonnés qui pourraient être liés au rejet d'enfants issus de ces actes par les femmes victimes. Bref, une action de récupération sociale, une action d'aide en profondeur du délinquant sexuel s'impose. Il y a donc lieu d'explorer l'histoire de l'individu, d'examiner le substrat psychologique, le monde affectif du sujet concerné; en somme les bases psychosociologiques de la délinquance sexuelle en Côte d'Ivoire, afin de comprendre les mécanismes qui ont sous-tendu la genèse de leurs comportement. Ceci permettrait de comprendre et d'expliquer l'acte du délinquant sexuel et de proposer des solutions plus adaptées et plus réalistes. Partant de là, nous convenons bien avec Pierre CECCADI (1962) qui soutient que notre action ne doit pas être seulement une action de réinsertion sociale mais aussi de restructuration personnelle si nous voulons atténuer ce phénomène. Et John DEWEY (op cit, P.67) de conclure: "si nous voulons conduire un cheval à l'abreuvoir, nous ne pouvons pas lui imposer de boire ; pas plus que nous ne pouvons contraindre un homme à se repentir en l'enfermant dans un pénitencier". Dans tous les cas, il faut distinguer les résultats matériels des résultats moraux, car enfermés qu'ils sont, les délinquants en général adoptent un comportement de politesse alors qu'en fait ils n'ont pas changé du moins pas tous.

PERSPECTIVES
L'interrogation qui nous hantait l'esprit au début de cette enquête était de savoir si l'incarcération est une solution pour combattre avec efficacité le fléau que constitue les violences sexuelles dans notre société. Comme précédemment dit, il nous semble difficile de répondre de façon absolue à cette question par l'affirmative. Mais il nous semble aussi interdit d'affirmer le contraire. Cependant, hommes de science que nous sommes, nous nous contenterons ici de faire quelques propositions pouvant permettre, à court ou à moyen terme, de trouver une solution à ce fléau qui prend chaque jour des proportions inquiétantes : Les autorités doivent appliquer avec rigueur les lois qui permettent de réprimer les abus sexuels (viol, pédophilie, inceste...). Il faut apporter une assistance psychologique aux personnes victimes d'abus sexuels, ceci dans le but de les aider à se libérer des traumatismes vécus. Les agresseurs sexuels incarcérés doivent aussi être l'objet d'une prise en charge psychologique, pour éviter des récidives à leur libération et favoriser une réinsertion dans la vie sociale et professionnelle.