Contre les violences 
faites aux femmes

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Violences

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CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
Les Folles Alliées

Manifester contre les violences faites aux femmes, c'est vouloir dénoncer les différents effets de la domination des hommes sur les femmes. Ces violences forment un véritable continuum qui s'exerce de l'espace privé à l'espace public, de la prime enfance à la vieillesse, de la plus subtile violence psychologique à la violence physique la plus brutale :

  • dans la famille : inceste, viol conjugal, harcèlement, menaces, oups, dévalorisation psychologique, isolement, exploitation domestique;

  • dans la rue : sifflements, interpellations verbales et physiques, agressions, viols;

  • au travail : harcèlement sexuel, discriminations dans les salaires, dans les postes proposés, temps de travail imposé.

De plus, les femmes sont les premières touchées par le chômage et la précarité. Les femmes sont touchées par la violence dans leur propre intimité, dans le rapport à leur corps. Les normes de beauté, véhiculées entre autres par la publicité, sont des violences psychologiques et physiques quotidiennes. Elles contraignent les femmes à des comportements auto-destructeurs : honte de leur corps, anorexie, boulimie, régimes, port de vêtements qui déforment le corps, chirurgie esthétique. Le corps des femmes devient ainsi un objet à entretenir qui a une valeur marchande. L'oppression de la sexualité des femmes est aussi une violence : ignorance de leur corps, soumission au désir et au plaisir des hommes, contrainte à l'hétérosexualité, contrainte à la maternité, mutilations sexuelles (excision, infibulation).

La violence des hommes sur les femmes s'exerce symboliquement dans l'assignation des places qui leur sont faites. Les femmes rencontrent d¹innombrables barrières dans l'accès aux domaines traditionnellement réservés aux hommes : sphère du pouvoir, des sciences, des techniques. Ces barrières font partie des moyens de contrôle des hommes sur la vie des femmes. L'accès des femmes à l¹autonomie est ainsi extrêmement limité : dépendance économique, répression sociale du célibat, oppression spécifique des lesbiennes (mépris, agressions, invisibilisation).

Partout, les femmes sont soumises aux violences liées à l'intégrisme culturel et religieux : poussée de l'extrême-droite, lobby anti-IVG, interdiction de la contraception, port du voile, polygamie, mutilations sexuelles, espaces interdits. Les exemples de l'Algérie, de l¹Afghanistan nous rappellent aujourd'hui jusqu'à quel point les hommes utilisent la violence contre les femmes.

Si toutes ces violences atteignent directement celles qui en sont victimes, elles affectent et concernent l'ensemble des femmes. Elles constituent une menace globale, un frein à l¹émancipation de toute femme. Elles permettent l'établissement et le maintien d¹un système de domination des hommes sur les femmes : le patriarcat.

Ensemble, réagissons, soyons solidaires, luttons contre ces violences, affirmons notre autonomie !!!

Le 8 mars 1998


Quand il s'agit des femmes, il n'y a pas d'hommes de gauche: Il n'y a que des hommes de droite, et d'extrême-droite !

Les récentes alliances droite-Front National (FN) nous montrent qu'un pas de plus a été franchi dans la reconnaissance et la banalisation du FN. Cela s'explique par le fait qu'un certain nombre d'idées d'extrême-droite sont reprises depuis longtemps déjà dans les médias, les politiques et le discours quotidien : racisme, xénophobie, "traitement" de l'immigration, remise en cause des droits des femmes, obsession sécuritaire, peur de la dénatalité ("française"), etc.

Mais, si les principaux opposants au FN s'attachent à démonter le discours raciste et xénophobe, ils s'intéressent peu au discours sexiste et familialiste qui est pourtant un des piliers du projet de société du FN. Le discours du FN concernant les femmes est-il moins choquant que celui concernant les immigré-e-s ? Serait-ce parce qu'il diffère finalement assez peu de ce que pense une majeure partie de la société, de droite comme de gauche ? Par ce tract, nous avons donc voulu interroger la faible présence d'arguments et de réflexion critiques du sexisme d'extrême-droite dans le discours antifasciste, et leur accorder, pour une fois, une importance particulière.

Pour commencer, quelques citations, pêle-mêle, de Le Pen et autres congénères :

"Génitrice et compagne de coeur de l'homme."

"Finalité principale et fonction naturelle : la maternité."

"L'affirmation que leur corps leur appartient (aux femmes) est tout à fait dérisoire, il appartient à la vie et aussi, en partie, à la nation."

"Le travail féminin qui s'est développé a eu une conséquence dramatique, l'éclatement de la famille."

"Il faut qu'il y ait une autorité, et nous pensons que l'autorité la plus qualifiée dans un ménage est celle de l'homme."

"Tout avortement est criminel." "Un vrai féminisme doit respecter notre féminité, donc notre vocation à la maternité."

D'après les analyses de Claudie Lesselier, la "préférence familiale" est, avec la "préférence nationale", l'un des deux piliers du projet du FN. Si la nation doit, selon le FN, se défendre contre les étrangers qui la menacent, elle doit aussi se perpétuer physiquement et culturellement, unie par les liens du sang. La "préférence familiale", c'est alors la priorité attribuée à la famille "française" normalisée, "cellule de base de la société". Il s'agit d'une famille hétérosexuelle, fondée sur le mariage. Ainsi, tout autre mode de vie (concubinage, célibat, lesbianisme, famille monoparentale, etc.) est considéré comme anormal et stigmatisé. La famille chère au FN s'appuie sur l'autorité du père, la soumission et le dévouement de la mère et l'obéissance des enfants. Elle est en continuité avec l'idée de nation, qui doit être fermée et exclusive, défendue contre l'étranger.

La place des femmes, pour le FN, est donc à la maison. Elles assurent la procréation et l'éducation des enfants, la transmission de l'identité et de la tradition. Mais la maternité n'est évidemment pas valorisée pour toutes les femmes : le FN prend bien soin d'exclure les femmes immigrées de ce "privilège".

Le FN veut inciter les femmes "françaises" à retourner au foyer (revenu maternel), à aménager leur temps de travail pour pouvoir s'occuper de leurs enfants (mais qui pense aujourd'hui à demander aux hommes de concilier vie professionnelle et vie familiale ?).

Le FN veut accroitre les allocations familiales et les réserver aux familles "françaises". Il remet également en cause l'IVG et la contraception.

Vu le peu de réactions suscitées par un tel discours, on peut considérer qu'il repose sur une idéologie largement partagée. En effet, l'inégalité entre femmes et hommes est toujours appréhendé comme un fait naturel. La référence à la nature permet de légitimer l'oppression des femmes par les hommes, en posant les différences de sexe comme naturelles : la douceur, le don de soi sont perçus comme naturellement féminins ; de même, la force, l'indépendance comme naturellement masculines. C'est ainsi que le FN explique l'enfermement des femmes dans la maternité et le foyer. Il s'agit là d'une conception d'un ordre social basé sur la différence des sexes, impliquant pour les hommes et les femmes des fonctions et des  rôles distincts.

Finalement, cette conception, rigidifiée à l'extrême par le FN, est malheureusement partagée par tout le monde !

Les Folles Alliées - groupe féministe non-mixte -
Lyon, 24-03-1998
e-mail: owner-profem-l(AT)coombs.anu.edu.au