N°1 - Février 80 - page 10 à 18 |
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Revue ARDECOM N°1 - Février 80 - page 10 à 18 LA CONTRACEPTION MASCULINE Comment trouver une méthode contraceptive masculine et la tester ? Comment rendre un homme stérile ? Quand un homme est-il stérile ?
Un des obstacles majeurs à tout essai de contraception masculine est la difficulté d'en
juger l'efficacité.
Les méthodes actuellement proposées en premier lieu aux États-Unis et expérimentées
depuis près de dix ans reposent sur l'association de deux types d'hormones : progestatifs
et androgènes (hormones mâles). Ce modèle est très proche de la pilule pour femme la
plus classique, qui est une association de progestatif et d'oestrogène (hormone
féminine). Pourquoi cette méthode n'est-elle pas plus divulguée ? Sans doute du fait qu'elle n'est pas parfaite et se heurte, en gros, à cinq difficultés : - l'efficacité est difficile à juger et le fardeau de l'échec ne repose pas sur l'utilisateur. Mais en plus l'effet est très variable d'un individu à l'autre. Avec un même traitement, certains hommes sont rapidement rendus stériles quand d'autres voient leur fertilité apparemment améliorée. On ne sait rien non plus d'une éventuelle accoutumance à ces drogues ; - les dangers : on peut s'assurer qu'un certain nombre de fonctions de l'organisme ne souffrent pas d'une surcharge hormonale. Mais on ne peut pas tout observer. Les observations faites depuis vingt ans sur les risques cardiaques et vasculaires des contraceptifs hormonaux chez la femme, surtout fumeuse, étaient imprévisibles. Ici comme ailleurs, on se posera le problème du moindre mal ; - la réversibilité : jusqu'à présent, cette méthode est réversible et sans conséquences sur la progéniture. Mais si un homme sur 1.000 ou sur 10.000 essuie un échec, on ne le saura que quand plusieurs milliers ou dizaines de milliers d'hommes auront utilisé cette méthode ; - le mode d'administration : peut-on éviter la prise quotidienne de la pilule ? Sans doute, mais ce n'est pas parfaitement au point. Certains systèmes permettent de libérer petit à petit dans l'organisme certaines hormones qu'ils contiennent. Ce sont des morceaux de substances anorganiques qui contiennent les hormones et les lâchent progressivement dans le sang au fil du temps. Il semble que l'on puisse disposer de ces méthodes (implants ou injection de microsphères) dans un délai assez bref ; - le prix de l'expérimentation : si on veut faire un essai consciencieux, avec une surveillance rigoureuse, il faut payer cher. Les dosages hormonaux, par exemple, coûtent des fortunes. Qui va payer ? Ni les utilisateurs, ni la Sécurité sociale. Il faudra donc que la contraception masculine rentre dans les préoccupations des pourvoyeurs de fonds (CNRS, DGRST : direction générale de la recherche scientifique et technique, Ministère de la Santé) si l'on veut faire le moindre pas en avant.
D'autres méthodes hormonales ont été proposées. Moins sûres, plus hasardeuses, elles
se situent pour l'instant loin derrière celle dont nous avons parlé sur le plan de
l'expérimentation. Vasectomiser, c'est couper le canal déférent qui permet aux spermatozoïdes de sortir du testicule. C'est une stérilisation volontaire, considérée en France comme une mutilation et, de ce fait, interdite, fût-elle volontaire. Elle est quand même pratiquée. La vasectomie est théoriquement irréversible. Il y a cependant deux moyens d'éviter cette fatalité : - certains centres demandent avant toute vasectomie une conservation du sperme. La procréation reste donc théoriquement possible, par insémination du sperme mis en réserve ; - la chirurgie peut remettre parfois bout à bout les deux extrémités du canal sectionné. Le taux de réussite effective tourne autour de 20%.
Des méthodes proches ont été expérimentées, qui cherchent à fermer ce canal
temporairement au lieu de le couper. Elles semblent prometteuses chez l'animal, mais rien
de probant n'est encore proposé à l'homme ; le cuivre étant réputé pour sa toxicité
à l'égard des spermatozoïdes, la pose d'un fil de cuivre dans les déférents pourrait
entraîner une stérilité, même si la spermatogénèse n'est pas arrêtée.
On peut altérer la fabrication des spermatozoïdes en réchauffant les testicules (slips
chauffants, isolation thermique...). Mais il faudrait trouver un système commode et sûr
; il n'existe pas, et on en cherche un (cf. ARDECOM). Rappelons enfin les préservatifs... Où en est la contraception masculine dans le monde ?
Il n'existe nulle part dans le monde de contraception masculine acceptable. Alors y a-t-
il des recherches, des essais, ou seulement des difficultés insurmontables ?
La Chine a révélé en novembre 1978 à l'Occident un contraceptif nouveau : le Gossypol.
Tiré du coton, pas cher, ce produit avait été utilisé par plus de 4.000 hommes (durant
plus de 6 mois) depuis 1972, dans différentes provinces chinoises. La publication est
signée par " le groupe national de coordination des agents contraceptifs masculins
". L'efficacité serait excellente : 99,89 %. Mais le critère pour en juger met la
barre un peu bas (4 millions de spermatozoïdes). Le seuil d'efficacité choisi laisse une
probabilité de féconder qui est loin d'être nulle. Le produit ne serait pas toxique.
Mais il cause chez 13 % des consommateurs une faiblesse, au début du traitement, certes
passagère mais inexpliquée. Quelques troubles digestifs, une libido un peu atteinte, une
réversibilité acquise à trois mois sans que l'on sache sur quel critère, ni s'il y a
des risques sur les descendants. Peut-être prometteur, ce produit laisse pour l'instant
encore trop d'inconnues pour être considéré comme une proche espérance.
On ne peut pas espérer disposer rapidement d'une bonne contraception masculine (efficace,
sans effets secondaires ni dangers, réversible rapidement, sans risques pour la
descendance, simple, confortable, pas cher ... ).
Les conditions du développement rapide de méthodes contraceptives masculines Il semble que l'analyse du sperme devrait être l'examen minimum que devrait effectuer tout homme vis-à-vis d'une contraception. En effet, bien que l'on ne puisse définir avec certitude un seuil de non fertilité par le nombre de spermatozoïdes, à moins d'azoospermie totale, le spermogramme permet aussi d'apprécier à l'état frais leur mobilité, important critère de leur potentiel fécondant.
La numération peut se faire relativement facilement avec un microscope (x 400) et une
lame spéciale dite cellule de Thoma qui permet, grâce aux repères quadrillés qu'elle
comporte d'y compter les spermatozoïdes en nombre d'unités par volume. Les
spermatozoïdes auront d'abord été immobilisés par dilution avec une solution de
Ringer. L'espace entre cellule de Thoma et lamelle détermine un volume. Les repères
quadrillés permettent de diviser en unités très précises dans lesquelles on compte le
nombre de spermatozoïdes. Le résultat se donne en unités/ml. Enfin l'analyse biochimique du sperme permet d'apprécier le fonctionnement des glandes sexuelles annexes que sont les vésicules séminales et la prostate. C'est le taux de fructose qui est considéré comme représentatif du fonctionnement des vésicules séminales. Le taux de phosphatase acide représente celui de la prostate. Cet organe a donné son nom aux prostaglandines dont le liquide séminal est très riche sans qu'on en connaisse le rôle dans la fécondation. En fait des recherches récentes ont fait apparaître que ce sont les vésicules séminales qui produisent surtout les prostaglandines. Pour Rehan et coll. (1975) une étude de 1.300 hommes fertiles a montré que le volume des éjaculats varie de 0, 1 à 11 ml. La densité en spermatozoïdes varie de 1,5 à 375 millions/ml, le pourcentage de spermatozoïdes mobiles variant de 5 à 95 % et le degré de mobilité varie de 1 à 4. Les différents paramètres du spermogramme permettent de classer un individu dans un groupe statistique : on obtiendra une probabilité de fertilité qui n'aura pas de valeur précise pour l'individu. ----------------------------------------------------- Revue ARDECOM
Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine
Ardecom - La contraception masculine - Guide pratique
- Méthodes: la contraception hormonale masculine (CHM) et la
contraception masculine thermique(CMT).- Depuis les années 2000, la
vasectomie est légalisée en France. Cependant, geste simple ne
nécessitant pas d’hospitalisation, elle reste marginale dans notre pays
(< 1 % des hommes) alors qu’elle est beaucoup plus courante dans les
pays anglo-saxons : au Royaume uni et aux Pays-Bas, 15 à 20 % des hommes
ont recours à la vasectomie. Ce nombre est encore plus important au
Canada. En Allemagne, il y a 50 000 vasectomies par an.
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